mercredi 23 octobre 2019

Couleur et transparence : le verre

Mince ou épais, il est aussi beau que fragile. Rare dans l'Antiquité, il est devenu multifonctionnel et usuel,  à l'époque contemporaine,  et le XXIe siècle ne saurait s'en passer. Son histoire, très ancienne,  est liée à celle du sable, du feu, du souffle.
L'univers de la fabrication du  verre est un milieu professionnel qui nécessite une main-d’œuvre qualifiée, des outils et des matériaux spécifiques, un savoir-faire qui se transmet et qui s'affine par la confrontation et l'échange d'expériences internationales. 
Des matériaux :
Bois, silice, chaux, oxydes métalliques... 
Des corps de métiers : 
Le souffleur,  le forgeron, le chaufournier, le bûcheron, le maître tisseur...
Le verre débute très tôt (4000 ans avt J-C. , et même avant : 100 000 ans avt JC : l'obsidienne /verre volcanique naturel) son épopée,  en Egypte, puis  dans les pays latins..  , toujours utilisé dans l'utilitaire (vases, récipients)  pour entrer quelques siècles plus tard dans le mystique  figuratif médiéval ; le vitrail. 
Les chemins des verriers, depuis le XIIIe s.,  aux alentours de Montpellier,  Claret et +:
http://m.herault-tourisme.com/articles/sur-les-traces-des-gentilshommes-verriers-92-1.html
Des musées:
- Ceux du vitrail :
Curzay/Vonne (France -86600)
https://www.tourisme-vienne.com/fr/activite/734/musee-du-vitrail
Moulin des Bouillons / Gordes ( 84220-Vaucluse- France) 
https://www.youtube.com/watch?v=3-MwNF1aXAs
 Chartres
https://www.centre-vitrail.org/fr/musee-du-vitrail/
- Ceux du verre:
La halle du verre : 
https://www.cc-grandpicsaintloup.fr/vivre-ici/culture/halle-du-verre/ 
Musverre : Sars-poteries
Meisenthal (57)
Conches-en-Ouche (27)
                                                           

Les grands maîtres : ils sont français, vénitiens, mexicains, japonais, indiens...
 Nancy  : le vitrailliste et maître verrier Jacques Grüber
Murano: le maître verrier Oscar Zanetti
Japon/ France : Hideo Matsuda
 Si l'art du verre est ancestral , il connaît une belle pérennité en intéressant la jeune génération. L'art contemporain assure la relève avec des créateurs.
Parmi eux :
Jean-Michel Othoniel: ou  l'art en grand format. L'artiste est un habitué des œuvres monumentales dès 1993, le verre (perles) est le matériau de prédilection  pour concrétiser sa passion. Les métaux, en trame,  viennent consolider les structures et le montage. Inventivité, avant-gardisme et classicisme, esthétisme, sont transcendés dans des productions éclectiques présentes en maints pays. En végétale muse, la flore suscite en lui  une grande attirance et une infatigable observation.   
Ouvrage :
- L'herbier merveilleux (le sens caché des fleurs dans la peinture)
Œuvres:
- Kin no Kokoro (Mohri Garden/ Tokyo) 
- Le tombeau du manadier Jean Lafont (France -département du Gard)
- Le nœud pivoine (Pavillon de la paix /  Musée des Beaux-Arts / Montréal) 
https://www.youtube.com/watch?v=ZTw9NTzHw9E
Actualité : Paris - Le Louvre. (la cour Puget)
Prévue pour être une exposition temporaire (de mai 2019 à février 2020), la prestation sera pérenne.  La rose en est le thème. Source d'inspiration puisée dans les diverses figurations de la fleur, sur les tableaux, les tapisseries, les céramiques... Ce sont des heures d'études précises, minutieuses,  pour enfin retenir celle présente sur le tableau de Pierre-Paul  Rubens (Mariage d'Henri IV et de Marie de Médicis) .
Le symbole est aussi sensible qu'intemporel : une rose en  guise  de trait-d'union entre deux artistes, deux époques ..
Pour en savoir plus, voir le site
http://www.othoniel.fr/fr/projets/expositions



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"... le vitrail se joue de la lumière comme la lumière se joue de lui .." 
N-L. M. 





samedi 12 octobre 2019

Archéologie à Narbonne : les surprises du sol

Creuser n'est pas trouver. Et pourtant il faut y croire.  L'archéologie, merveilleuse  et indispensable science pluridisciplinaire, est une école de savoir, de pratique, mais surtout de patience. On peut échafauder maintes hypothèses, sur plans, sur dossiers, sur schémas, la fouille in situ est seule révélatrice,  et confirmera les théories. On peut également  supposer, s'enthousiasmer, espérer, certes, mais la plupart du temps  on ne concrétisera que sur le terrain. Mais il existe des lieux  dont la lecture historique n'est pas aisée. Contrairement à Nîmes, Arles, où les monuments sont encore en place, certaines communes,  au riche passé attesté, doivent faire porter leurs efforts sur des   excavations pour extirper les traces et empreintes diverses des siècles, ou millénaires, écoulés.                                                                                                 
Narbonne vit donc, actuellement,  une phase exaltante de ce genre de découverte. La nécropole récemment mise au jour en est la preuve. On y dénombre près d'un millier de tombes , du Ier et IIe s. ap. JC,  sur un  espace de 2000 m2. (responsable de la fouille: Valérie Bel,(INRAP) archéologue spécialiste de l'archéologie funéraire)   Pourtant, connaissant le riche passé de la capitale de la  Province romaine,  il y a fort à parier que la recherche n'est pas au  bout  de  surprises de cette envergure. Si les vestiges ont longtemps sommeillé sous les strates s'empilant au cours des siècles, ne laissant que quelques blocs antiques à la vue d'historiens désappointés, le XXe siècle a apporté bien des révélations.. Forte de nouvelles techniques d'investigations, de moyens financiers assurés, d'enseignements et de formations plus spécifiques (cf: les nombreuses spécialités en archéologie),  la discipline (archéologie) a multiplié les "découvertes" livrant de remarquables lieux, ou éléments, de la culture romaine et gallo-romaine pratiquée par une ville très peuplée, où l'on comptait, à une certaine époque,  près de 35 000 habitants.
Sepulcra in agris
Outre ceux déjà ouverts à la visite, il y a, dans les environs de la cité, d'autres pôles d'intérêt archéologique majeur, qui font l'objet de travaux de recherches depuis plus d'une décennie :
Le vivier et la villa impériale de La Nautique
Les avants ports (Mandirac/Castellou),
Le site de St Martin (Gruissan)...
http://pdgp.logadap.net/IMG/pdf/a_la_recherche_des_ports_antiques_de_narbonne.pdf 
https://www.asm.cnrs.fr/les-fouilles/gruissan/107-la-fouille-de-gruissan 
https://pan.hypotheses.org/les-sites/casteloumandirac
Le musée Narbo Via,  dont on attend impatiemment la prochaine ouverture, ne manquera pas de restituer une réplique de la structure de la nécropole récemment retrouvée,  ainsi que de présenter un bel échantillonnage du  matériel  exhumé. L'on sait déjà que l'on peut espérer voir, sur les 2760 m2 de ce futur musée,  pas moins de 15 000 objets provenant  des collections issues de maintes campagnes de fouilles diverses. Les nombreux blocs entreposés jusqu'alors au Musée lapidaire (église Lamourguier) trouveront également place pour être exposés dans les locaux de  Narbo Via.
https://www.laregion.fr/Narbo-Via-en-route-pour-l-antiquite
L'archéologie nécessitant de grands moyens, l'activité est inévitablement liée à un financement conséquent. Si la plupart des fouilleurs sont des étudiants bénévoles, l'encadrement  est assuré par des spécialistes hautement qualifiés et rémunérés. Le matériel, les pratiques d'investigation, d'exploitation, de traitement des objets,  pèsent lourd sur les budgets alloués. Le financement de  chaque campagne est remis en question pour l'année suivante. A Narbonne, le chantier actuel, déclaré "découverte majeure pour l'archéologie nationale",  doit se poursuivre pendant treize mois (donc jusqu'en fin 2020).
Rappels: 
- l'importance  de la DRAC (direction régionale des affaires culturelles)
- le rôle et l'implication de l'Inrap (directeur Dominique Garcia): détection, prospection (sur le terrain),  information (auprès du public)
A lire sur ce même blog
http://international-culture-blog.blogspot.com/2016/07/archeologie-du-futur-que-restera-t-il.html
 A Narbonne : du 5 au 9 nov. 2019 /7e édition des RAN
                       (Rencontres de l'Archéologie de la Narbonnaise
https://www.rencontres-archeologie.com/

(Photos et montage : N-L. M. avril 2019)
                        *              *              *
Narbonne, "la fille de Rome" n'a pas dit son dernier mot.
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Quid d'un Mithraeum ?
 (in  Narbonne: Le culte de Mithra - N-L. M.)

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vendredi 4 octobre 2019

From Gospel to Opera, a voice, a Diva: Jessye Norman...

                                                   
Le talent à la mesure de sa carrure et de son sourire ... Jessye Norman avait tout d'une diva. Le monde de la musique est,  une fois de plus,  en grand deuil. Une voix s'est éteinte. Il reste , comme l'on dit souvent, les enregistrements, les vidéos  et pour celles et ceux qui ont eu la chance  d'y assister, les souvenirs des concerts. 
Jessye Norman, chanteuse, mais aussi femme de cœur, engagée dans des causes et des  combats humanitaires. Dotée d'une voix somptueuse, incomparable, légendaire, avec une interprétation d'une rare intensité dramatique, elle a fait une carrière internationale, et acquis une notoriété mondiale largement méritée, avec un répertoire très éclectique (Wagner, Bizet, Offenbach, Poulenc, Schubert, mais aussi des Gospel, du jazz), dans plusieurs langues. Sa diction parfaite permettait une écoute hautement appréciable. Sachant donner  à   l’œuvre  toute sa  valeur, Jessye Norman savait se mettre en retrait derrière le personnage qu'elle favorisait en priorité, ce qui confère un caractère d'exception à l'interprétation. (voir l'expression du visage et la gestuelle de la chanteuse  sur les vidéos ci-après)  
Carmen: G. Bizet (en séances de répétition / orchestre sous la direction de Seiji Ozawa)
Près des remparts de Séville 
Habanera 
La Périchole : (J. Offenbach) 
La lettre
Samson et Dalila:(C. Saint-Saëns)  
Mon cœur s'ouvre à ta voix
Professionnalisme, qualité d'âme,  expressivité, voix exceptionnelle, Jessye était une personnalité qui ne laissait pas indifférent. Derrière son éclatant sourire, dans sa voix aux mille nuances, sa capacité de concentration sur l'interprétation technique,  et sa faculté d'entrer dans le rôle, il y avait une femme de conviction et de détermination qui n'a jamais renié son plaisir de chanter. 
 Jessye Norman , par elle-même,  in BBC Hardtalk (son enfance, ses débuts, sa carrière...) :
https://www.youtube.com/watch?v=keCO9DQE4RI
Titulaire de plus de six doctorats Honoris causa  dans diverses universités, Jessye Norman était polyglotte. La cantatrice avait le sens de la mise en scène, et savait se parer de tenues élégantes, colorées, époustouflantes:  personne remarquable,  et remarquée. On la disait radieuse, tant il est vrai qu'elle rayonnait  sur scène, dans les interviews, les documentaires : en répétition ou en concert.
Si le monde des arts se sent appauvri par sa disparition, il reste le legs, la transmission, les vocations, nées d'avoir entendu chanter la Diva, et l'incomparable bonheur d'avoir écouté ce timbre particulier, avoisinant la perfection, riche  d'un talent si généreux. 
Amazing Grace :
https://www.youtube.com/watch?v=G5jZe32DEYI

                                                                                                        

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All crazy of Scarlatti

                                                                
On a parlé d'un pari fou, et même d'une "Scarlatti night fever ", ou d'un "Marathon Scarlatti" ... Effectivement, l'enjeu est d'envergure, puisqu'il s'agit de diffuser (du 11/2/2019 au 25/10/2019) les 555 sonates du maître napolitain, sur l' antenne de France Musique, après une année 2018 passée à les enregistrer.  Le pinacle sera atteint lors de la soirée du 26 octobre 2019,  par un concert donné dans l'auditorium de la Maison de la Radio (Paris).
Certes,   une  performance avait déjà  été réalisée, en son temps (1984), au château d'Assas,(France/ Languedoc)   par l'éminent claveciniste Scott Ross. Ce qui donna lieu à une publication de l'intégrale en 35 CD.   
A rappeler,  d'autres enregistrements du musicien, dans ce château languedocien: 
- en 1975 : J-P. Rameau
- en 1977:  F. Couperin
Un festival au nom du concertiste s'est  déroulé en ce lieu,  du 13 au 16 juin 2019, pour la 30e année de la commémoration de la disparition de Scott Ross.
.."Sur tous les tons, sous toutes les formes .." en guise de mot d'ordre l’œuvre de Scarlatti ( essentiellement ses sonates)  se décline donc pendant ces journées exceptionnelles.  Les intervenants sont à la mesure de la manifestation: Frederik Haas, Giulia Natti, Sandro Michahelles, Kenneth Weiss, Jenny Gorman...
                                                                   

Si l'on évoque le musicien italien baroque (1685-1757) et son impressionnante production (la plus importante, en nombre de pièces pour le clavecin, de toute l'histoire de la musique) , on rappelle aussi sa carrière en Espagne (à Madrid), au Portugal sous la protection  de Maria Barbara de Portugal de son époux, le roi  d'Espagne Ferdinand VI, son amitié avec le chanteur Farinelli, ses joutes musicales (à Rome)  au clavecin  avec Haendel, leurs revanches à l'orgue.  Mais Giuseppe Domenico Scarlatti n'est pas qu'un compositeur -interprète, c'est aussi un joueur, il perd pas mal d'argent aux tables de jeu. L'on dit que le salaire obtenu par la création de  ses nombreuses compositions, (dont certaines étaient commandées par sa protectrice la reine Maria Barbara, elle-même bonne claveciniste, et élève de Domenico) " aurait financé quelques dettes de jeu ".
Parmi les 555 sonates la plus brève est la K 431 in G major  (57 ")
ici interprétation par Alexandre Tharaud 
https://www.youtube.com/watch?v=SsTctLhhALw
Dans une riche actualité consacrée à l'événement autour de  Scarlatti :                         
- Lucas Debargue : sortie d'un coffret de 4 CD
- Martin Mirabel : biographie parue chez Actes Sud
 On qualifie, à juste titre, la musique de Scarlatti de brillante, légère, déliée, requérant de la part de l'interprète :  agilité du doigté, vélocité, technique et expression. Certaines sonates sont dites "faciles" et abordables à tout jeune pianiste qui est motivé. En effet, l'on a coutume de penser que, si tout débutant doit inévitablement s'attaquer au Voll temperierte Klavier de J-S. Bach, il doit également  inscrire, à son répertoire de travail, une sonate de Scarlatti. La facilité n'est, ici, qu'un leurre. Car, pour une interprétation correcte de ces oeuvres-là,  il faut encore une fois le redire, il est nécessaire d'acquérir une certaine maîtrise de l'instrument, et se dégager de la partition (= ne pas avoir "le nez dedans"). Donc, ne pas se décourager et ne pas hésiter à s'exercer. 
Au XXIe siècle,  le clavecin, que d'aucuns considèrent comme désuet,  a, heureusement,  toujours ses adeptes (fans),  et ses concertistes virtuoses. Justin Taylor, Pierre Hantaï, sont au panthéon de ce cercle restreint.


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