lundi 28 septembre 2020

Du portulan au GPS

 La sédentarisation humaine ne s'est  mise en place qu'après maintes étapes. Les premiers groupes d'hominidés se déplaçaient pour de multiples raisons: les changements climatiques, la présence ou absence du gibier, les conflits avec les autres groupuscules, la recherche  d'un lieu de vie plus favorable à la sécurité et aux conditions quotidiennes  des individus...  Aller vers l'inconnu requiert quelques  repères impondérables. Les premières références furent les astres, ce qui demandait une observation, une connaissance, des déductions.. Acquisitions qui prirent un certain temps .. La transmission orale fut pendant longtemps la seule façon de passer les informations d'une génération à une autre, avant d'avoir le réflexe, l'idée de laisser trace sur un support (paroi murale, écorce d'arbre, pierre, peau tannée d'animal...) Les premières représentations d'une carte stylisée du ciel se firent ultérieurement sur un disque de métal

Ex : celui de Nébra , celui  de Chevroches, celui de Knowth  

Se déplacer impliquait l'emprunt de voies diverses: sur les ondes, par les chemins   La navigation sur les eaux, comme le cheminement terrestre nécessitait des  points de repères. Remonter un fleuve, ou descendre une rivière furent rapidement  des entreprises assez aisées. Le transport maritime demanda plus de précautions. Avant d'entreprendre de grandes traversées, le cabotage fut de mise, car il permettait de suivre une côte sans la quitter des yeux, et de compter les tours à feux qui indiquaient les entrées des ports abrités, ou les écueils à éviter.  



 Quelques siècles plus tard on  en vint alors  aux cartes, sur des supports évoluant avec les époques : de la peau d'ovin au  velin, au parchemin,  puis  au papier...    Les portulans précèdent, complètent, l'usage de la boussole puis du sextant. Au fur  et à mesure des connaissances et des découvertes, les détails dessinés envahissent les documents: animaux, rose des vents avec points cardinaux,  noms de lieux, courants marins ...

 Les cartes marines deviennent de plus en plus précises, le sonar, le radar,  sont les prémices d'une haute technicité qui, si elle n'évite pas les accidents, en réduit considérablement le nombre. Les moyens de transports se multiplient, la vitesse s'accroît. Le réseau des voies de communication tisse sa toile de voies principales augmentées de voies secondaires, de bretelles, de panneaux de signalisation.. Depuis les bornes milliaires romaines , dont certaines sont encore visibles sur le tracé des voies antiques, la circulation s'est organisée autour d'un code et de règles à respecter. La fluidité du trafic et la sécurité des usagers en dépendent. Pourtant, à contre-courant de cette accélération généralisée des déplacements (plus loin, plus vite, plus souvent) une résurgence de la déambulation pédestre connaît un renouveau "tendance": ce sont les voies des pèlerinages médiévaux. Authentique pérégrination en adéquation avec le sens étymologique, ces randonnées comportent de longues étapes,  et ceux qui les franchissent le font pour des raisons diverses, outre le but initial.   

 

La "rando" associative, en famille, en solo, permet la redécouverte de chemins oubliés, peu fréquentés et remis peu à peu en état pour une meilleure utilisation,  et fréquentation. Marcher, ( ou "le syndrome de La Gradiva" ) est désormais perçu, au XXIe s.comme moyen de garder la forme physique et la santé.  La contrainte  fait place au loisir.   

Yves Montand " le routier" :https://www.youtube.com/watch?v=HGXkvna5WXQ

La conduite des véhicules personnels,  comme celle des moyens de transports en commun,  et des utilitaires, a vraiment franchi un palier avec l'invention du GPS (Global Positioning System) . L'appareil a pour vocation le guidage, le remplacement des cartes routières, et diverses indications indispensables (très utiles) aux déplacements,  pour trouver une adresse, une place de parking, pour une visualisation anticipée  du trajet ... Parfaitement intégré au tableau de bord ou en application sur téléphone portable, les données GPS informent le conducteur.  En randonnée, il a toute son utilité pour l'itinéraire à suivre en évitant de se perdre.  


   Que l'on soit piéton ou automobiliste, seul ou en groupe, l'essentiel est de savoir où l'on va, pourquoi l'on s'y rend, comment l'on va y aller. (cf "Où vais-je ? "B. Pascal)  Si,  depuis des millénaires l'homme a cherché à améliorer, à mémoriser les trajets   de ses déplacements, il subsiste, néanmoins, quelques questions philosophico-métaphysiques sur son cheminement personnel auxquelles il n'a toujours pas trouvé de réponses. 

A lire sur ce même blog : 

http://international-culture-blog.blogspot.com/2013/03/813-2013-santiago-de-compostela.html

Free lance Writer                                   

Culture  Art  Patrimoine

 

 

 

 

 

 

 

jeudi 10 septembre 2020

Nature et futur

Après l'ère industrielle du XIXe s, celle de la consommation du XXe s., le XXIe siècle a pris conscience de l'impact des siècles précédents sur le quotidien de l'humanité. Sont venues alors les expressions qui qualifient des projets et des actions : 
- défense de l'environnement
- protection de la nature (faune, flore, sites )
- reconnaissance de la cause animale
- étude de l' évolution et du dérèglement climatiques (causes, impacts)
- lutte contre le gaspillage
- restauration de patrimoine 
....
Chaque domaine ayant ses retombées positives, mais également ses problèmes, et ses  limites, l'ampleur de la tâche dépasse parfois l'ambition louable initiale. L'on fait donc  appel  à des structures externes en complément, et aide, pour tenter de faire avancer la démarche. Ainsi , les associations, se prêtant à la manœuvre,  permettent souvent de toucher au but. 
Informer, vulgariser, encadrer les bonnes volontés, former les bénévoles, gérer la communication auprès du grand public, animer, sensibiliser...: les actions ne manquent pas et sont sources d'énergie constructive.                                                      

Sans entrer forcément dans le cadre associatif, le quidam peut néanmoins se  responsabiliser et apporter sa contribution, en répondant à des sollicitations de dons, de participations multiples (les  spectacles (y assister ou jouer soi-même un rôle) les animations, des actes précis ). Il peut arriver que la dose d'information, d'alertes diverses, soit  telle, que le citoyen ne soit pas persuadé du bienfondé de son engagement, et soit découragé par l'étendue des ambitions globales. Or nulle aide, si minime soit-elle, n'est inutile. En effet, la moindre obole, le plus petit geste, auront leur signification, et leur portée,  lorsqu'ils s'inscriront dans la multitude des autres,  en regard du but à atteindre conjointement. 

Planter un arbre, nettoyer une plage, maîtriser sa consommation d'énergie, respecter les espèces protégées, et tant d'autres actes qui  pourraient sembler insignifiants, ont pourtant toute leur importance, en endossant même une dimension symbolique. A travers chaque intention concrétisée, l'individu se grandit, à ses propres yeux d'abord,  et face à l'ensemble du groupe humain. 
Le futur sera ce que l'on en fait déjà au présent. Penser aux générations suivantes n'est pas "ringard" , ni obsolète, c'est se placer en tant que simple et humble maillon dans une chaîne  échappant à tout contrôle raisonné, car elle est en place depuis le début de la bipédie,  et survivra tant que l'espèce humaine subsistera. 
On ne transmet pas que des valeurs immatérielles, on transmet également un patrimoine, des connaissances, des savoirs, des expériences concrètes, des avancées... tout un ensemble d'acquis qui visent à améliorer le quotidien de chacun. 
Glencoe in Highland (Ecosse)
https://www.youtube.com/watch?v=uBbqJEzvgJQ

Détruire, salir,  est à la portée de n'importe quel individu, n'importe où, et à n'importe quel moment. Même un enfant solitaire peut en faire un jeu.
Or,  construire , rebâtir, consolider, créer, assainir, développer, améliorer, impliquent plus qu'une volonté spécifique. Loin d'idéologies de récupérations ou de moralisation facile, on peut néanmoins avancer, et s'adonner à une réflexion utile, sur les conditions de vie contemporaine, en faisant non pas "table rase" du passé, mais en laissant émerger quelques salutaires erreurs, afin de ne pas les perpétuer. La Culture a longtemps fait les frais de restaurations abusives et maladroites, par ignorance, manque  de savoirs et de savoir-faire, faute de moyens. Le XXIe siècle se voulant savant et informé a pris du recul et  n'hésite pas à constituer d'épais dossiers avant d'entreprendre une quelconque réhabilitation. Même si la situation n'est pas à son  meilleur rendement, on peut constater des améliorations, de réelles bonnes volontés, des semeurs d'alerte,  évitant de déplorables mises au rebut, des ventes abusives, des constructions inappropriées,  ou de regrettables abandons (vouant des espaces aux jachères et harmas).
Bretagne nature
https://www.bretagne-vivante.org/L-association
Iceland Nature Conservation Association :
https://natturuvernd.is/G%C3%A6tum-gar%C3%B0sins
The Nature Conservancy:
https://www.nature.org/en-us/about-us/where-we-work/latin-america/mexico/
 A lire également, sur ce même blog: Plastic Blues:
http://international-culture-blog.blogspot.com/2019/11/plastic-blues.html

Photo: N-L. M. (Narbonne /11-7- 2020)
Free lance Writer
Culture  Art  Patrimoine



mardi 1 septembre 2020

Quand la Culture n'est plus culte ...

L'année 2020 n'a pas masqué son désappointement face aux restrictions des pratiques culturelles publiques. Conditions sanitaires exceptionnelles obligent, les individus  se sont croisés à distance, avec méfiance, défiance, suspicion, et mal être. Toute tentative de spectacle en concert, de visites en groupe ont été déconseillées , annulées, prohibées. 
En dépit de ce passage "à vide", certains (organisateurs, associations...) ont fait preuve d’ingéniosité, d'adaptation, déployant des trésors de volonté, de détermination  afin de maintenir un lien culturel, artistique. Car le devenir des professionnels, des festivals, de la fréquentation et fidélisation du public, est en berne, et même en danger. Pourtant,  il y a tant de la vie de chacune, chacun,  dans ces diverses expressions artistiques ...!
Gilbert Bécaud :" Le rideau rouge" 
Charles Aznavour : " Les comédiens" 
 Léonard Bernstein : "Rhapsody in blue" (de G. Gershwin)
Christophe Maé:" La vie d'artiste" 
Les stars de la chanson ont publié régulièrement des vidéos pour rester en contact avec leurs fans. On a multiplié les lectures virtuelles, les documentaires,les rediffusions de concerts, les enregistrements de spectacles sans spectateurs. Les artistes du dimanche ont exposé leur production  sur le web. 
Les musées ont proposé des jeux par ordinateurs, des lectures de tableaux, des séquences "ateliers à la maison", des vidéoconférences. 
Il faut donc saluer toutes les initiatives multiples qui ont permis à l'art de persister,  en dépit de conditions aussi  déplorables que démoralisantes. 

 








Et vient "l'après":  le redémarrage lent, les précautions persistantes, l'envie de se distraire, de pratiquer une activité artistique, le retour progressif (et sous conditions) vers des lieux de spectacles, tout cela constitue effectivement un "après" positif, mais qui comporte les stigmates des manques, les blessures des difficultés matérielles, de l'absence, des projets stoppés dans leur élan, et des interrogations sur une éventuelle suite de parcours.  
Non, la Culture n'est plus culte. Cependant, elle veut, et va, survivre. Ce sera donc au prix de grands efforts solidaires, de volontés bilatérales,  et d'une réelle  entente entre état, artistes, et spectateurs. 
Ne pas sous-estimer le rôle de la Culture c'est en reconnaître l'indispensable existence. 
Les chemins vers:  les musées, les cinémas, les théâtres,  les salles de concert, de conférences, d'expositions, et  les salons (dont celui du livre) ne sont pas des voies faciles, mais cela existe, a fait ses preuves,  et devrait avoir un avenir. 
"Panem et circenses" ( Juvénal- Satire X) : une formule qui fait toujours débat 

Free Lance Writer
Culture Art  Patrimoine