mercredi 24 février 2021

L'essentiel et le futile

Si  la vie  de chaque individu tourne autour de thèmes personnels, elle est néanmoins régie par deux impondérables : l'essentiel et le futile. Des outils de mesure ont permis aux  spécialistes de déterminer le contenu de ces deux domaines. Pendant des siècles, certaines élites ont décidé, arbitrairement,  pour les populations asservies ce qui était de l'ordre du futile et de l'essentiel. Les conditions d'existence 

(manque de moyens et de temps) se bornant surtout à l'indispensable, les individus n'ayant point de loisirs                                                                                                      

Rappels :                                                                                                                                                    Essentiel/ nécessaire, indispensable, fondamental, important, vital, principal, primordial, dont on ne peut se passer, ...                                                                                                                                 Futile/ ayant peu de valeur, sans importance, peut se dire d'un motif, d'une excuse, d'une cause, d'un détail, d'un sujet, d'une question, d'un esprit...                                                                                          A l'aune de ces définitions  on serait bien en peine de  pouvoir déterminer ce qui, pour autrui, est utile et (ou) futile. On entrerait alors dans les notions de priorité, de  besoins vitaux, d'activités secondaires.

 Au XXe siècle, le psychologue Abraham Maslow concrétisa, en 1943,  ses observations effectuées précédemment . Ce fut donc la publication de son ouvrage : " A theory of Human motivation". Quelques décennies plus tard, en 1970, suivit un autre opus : " Motivation and personality". C'est dans le premier livre que l'auteur présentait sa célèbre pyramide. 

 

En se penchant sur l'histoire de l'humanité,  on s'accorde sur l'émergence de la notion de  civilisation en fonction du temps, de l'envie, de l'énergie, consacrés aux loisirs, à l'art, à la créativité, lorsque les besoins vitaux sont satisfaits. Outre ce raisonnement aboutissant à un constat, il a fallu alors s'intéresser au pourcentage relationnel de l'un  par rapport l'autre:                                                              

- Dans quelles proportions peut-on estimer que l'art, la Culture, avaient une influence importante sur le comportement de l'être humain?                                                                                                                   -Est-il indispensable,  pour l'équilibre général d'un individu, qu'il pratique une activité autre que celles nécessaires à sa survie ?                                                                                                                              L'actualisation du propos  au XXIe siècle n'a rien fait perdre à sa pertinence. L'année 2020, avec ses restrictions et ses interdictions,  a bien remis les deux questions au centre de certains débats. On a vu ainsi se multiplier des solutions de fortune, des déploiements d'ingéniosité pour tenter de sauver l'expression artistique, secteur mis à mal par les conditions draconiennes  exigées par la sauvegarde de l'espèce humaine mise en danger de pandémie.                                                                                         La futilité est alors apparue sous un autre aspect , car vue d'un autre angle. Et "l'insoutenable légèreté " est devenue " L' Indispensable légèreté" . 
                                                               


Les hobbies : Etre rentable, productif,  après avoir satisfait les besoins vitaux, laisse encore la place , dans l'existence et l'emploi du temps  de l'homme contemporain,  pour d'autres occupations: les hobbies; Du sport au jardinage, de l'Art à la méditation, il y a le choix. A l'heure où l'on réclame la mixité en maints domaines, il est utile de rappeler également l'éclectisme, les diverses techniques d'expressions, la pluralité des personnalités, des goûts, des orientations. Une foule est faite d'individus disparates, c'est ce qui en fait la richesse et la valeur. Et la notion de complémentarité n'en est pas occultée.

https://www.museumtv.art/artnews/articles/lart-changera-le-monde-la-serie-qui-rappelle-limportance-de-lart-dans-nos-vies-et-dans-nos-societes/

Or donc,  les expressions qui mettent en exergue les notions d'importance dans les divers moments de la vie, sembleraient prendre un autre sens lorsque les conditions d'existence changent. 
" jouer les utilités" : jouer ou avoir un emploi subalterne ou accessoire                                                    
"Joindre l'utile à l'agréable" : Dans l’Epître aux Pisons, Horace énonce que "celui qui joint l'utile à l'agréable ( utile dulci) recueille tous les suffrages"  
"Du pain et des jeux"  : . Juvénal a initié la formule panem circenses. 
Cependant,  à cela l'on peut objecter:" Quand on a en partage ce qui suffit, on ne devrait souhaiter rien de plus". 
La civilisation des loisirs de l'ère contemporaine a  mis en avant les distractions. Qu'elles soient culturelles, sportives, associatives, elles ont peuplé un temps complémentaire à celui qui était réservé au labeur. Plusieurs  questionnements en ont découlé. On s'est donc penché sur les conséquences dans la vie de chacun, le rôle et l'impact sur la productivité, la nécessité ou non d'étendre le laps de temps consacré aux loisirs, l'équilibre entre  ce que l'on considère comme essentiel (le travail, la santé, l'alimentation, la sécurité...) et le futile ( le confort, les vacances, les hobbies...) .
Si l'on a du mal à donner des réponses collégiales et collectives à ces interrogations sociétales, c'est peut-être que l'individu est impliqué à titre personnel, et qu'il est apte à calculer, lui-même, la part de chacun des secteurs de sa propre vie.

"...faire rêver est le comble de l'Art" Chateaubriand



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mardi 2 février 2021

Papiers !

 "Savoir qui l'on est" : cela pourrait être le début d'un thème de réflexion pour un devoir de philosophie ou de psychologie.  Mais il est, ici,  plutôt question d'identité et des documents qui l'attestent. Si pendant des siècles la simple reconnaissance interpersonnelle (par l'entourage) suffisait, il n'en fut rien à partir de l'époque, où les registres  firent foi.  Leur tenue était effectuée par les religieux (prêtres, pasteurs...) qui les conservaient dans leurs paroisses respectives. . On y notait les actes de la vie : naissance, baptême, mariage, décès. Les plus anciens de ces  documents sont actuellement très  précieux  pour les historiens, les généalogistes, et les particuliers étant  en recherche de leur  histoire familiale.  Pendant les guerres de religion (du XVIe à la fin du XVIIe. s.) : " la période du Désert" ( dite "en dehors du royaume", car  en dehors de la religion catholique),  les Ministres du culte protestant devaient cacher leurs registres, car tous les actes pastoraux  étaient déclarés illégaux, non valables, non reconnus. Les paroissiens protestants prirent donc l'habitude de consigner tout acte familial  dans les dernières pages vierges de leur Bible. Certains de ces actes ont été légitimés au temps de  la liberté de Culte retrouvée.            


Sauf conduit : "permet d'aller en quelqu'endroit et d'y séjourner un certain temps."  On note déjà, en Perse vers 450 av. J-C,  la mention d'obligation de  lettres de recommandations royales,  pour la libre circulation de voyageurs dans certains territoires traversés.                               

Laissez-passer:   pièce d'identité concernant une ou plusieurs personnes, donnant autorisation de libre circulation sans inquiétude. Peut s'appliquer aussi à des marchandises. Pour l'entrée dans les villes de foires ou de marchés, pendant la période médiévale,ces documents sont largement évoqués dans les textes.                                             

Passeport: ou passe port , utile pour les échanges commerciaux (terme employé dès la fin du XVe s. en  1464) . La fonction de ce document a changé au cours des siècles suivants, où l'on a centré la vérification d'identité sur la personne.Au début du XIXe siècle le passeport était familial. Il était établi uniquement au nom du père, avec mention de celui de l'épouse et des enfants. Le document était alors indispensable pour franchir les frontières départementales. On parlait d'un passeport pour l'intérieur du pays. Il a un coût: 2 Fr. (vers 1820) . Il sera abandonné à la fin du XIXe s. Si l'on désirait se rendre à l'étranger le document idoine était plus onéreux.  
pour en savoir plus:
https://ig.hypotheses.org/2246                                                                                                                                                                                                                                                                   Billet de santé: document nécessaire, en cas d'épidémie , pour se rendre d'une région à une autre.Ce document attestait que le porteur n'était pas contaminé.            
Si ces attestations avaient chacune leur utilité, elles avaient cependant,  toutes, le caractère d'obligation.         

 Documents de voyage, de commerce, de contrôle, "les papiers" sont nominatifs, descriptifs, personnels. Ils sont cibles de fraudes, de contre-façons, mais  également sources de contraventions, en cas de refus ou de non-présentation, et d'ennuis administratifs, avec dépenses,  en cas de perte ou de vol. 

Les données anthropométriques, les caractères physiques, les liens de parenté proche,  sont indiqués sur les pièces d'identité: carte, livret de famille, fiche d'état civil, passeport... afin de légitimer une existence. Pourtant, il existe bien des failles au système. car, on met encore  en terre des inconnus sans reconnaissance identitaire (= sous X). On recherche souvent, pour un héritage à la suite d'un décès,  des héritiers dispersés géographiquement. On assiste aussi  à des erreurs de logistique administrative,  lors d'enregistrement d'acte civil.  Alors, savoir qui est qui, qui fait quoi, qui va où.... ??  A travers les siècles, aller et venir, circuler librement, ne semble pas aller de soi, sans passer par l'identification contrôlée. L'année 2020 et le début de 2021 ont donné un large aperçu de ces genres de  contraintes. Faire fi des documents administratifs ne paraît guère possible dans un   quotidien de vie où tout a tendance à se virtualiser. Qu'en est-il des versions "papier" ? Obsolètes? inutiles ?  Si la question de l'ego ne passe pas par la détention des documents idoines, elle a cependant à s'en inquiéter. La fameuse devise "connais-toi toi-même"  (Gnothi seauton/ Nosce te ipsum), étant connue avant la construction du temple de Delphes (vers 1000 av. J-C), apporte une dimension quasi  intemporelle au questionnement psycho philosophique. Sans faire de raccourcis faciles ou éculés, on ne peut s'empêcher d'ajouter deux autres formules qui y font écho :                                                                                                         " "cogito, ergo sum" (Descartes/1637)                                                                                                          "to be or not to be"(Shakespeare/1603)                                                                                                                        Individu,, citoyen, derrière les papiers d'identité qui décrivent,  répertorient, classent, localisent,  .il y a un être humain, avec sa propre personnalité.

Les sommations d'usage en cas de contrôle:  - Avez-vous vos papiers ? - Vos papiers , s'il vous plaît !     - Papiers ! 

Rappel: Chaque année, en France, quittant famille, travail, logement, pour  refaire leur vie  sous une autre identité,  des milliers d'individus adultes disparaissent volontairement, . 


Free lance Writer 
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