vendredi 29 décembre 2017

Ces regards...




Deux disparitions récentes  qui ont ému le cœur de France, ce sont aussi deux regards azuréens qui ont été ravis à un peuple,depuis lors, un peu plus seul...


Jean, l'Académicien...(1925 -2017)
mais aussi le journaliste, l'écrivain, à la plume aussi enjouée qu'interrogative sur un monde qu'il ne voulait pas aussi sombre qu'on veut bien  le dire.. M. d' Ormesson, dont la parole était portée par une intonation particulière, un vocabulaire choisi, savait séduire son public autant qu'il savait en  susciter l'intérêt, et l'amener à la passion de la lecture. Le regard  malicieux, le sourire toujours prêt à poindre, juste derrière le bon mot, l'homme a traversé plus de  neuf décennies avec élégance et noblesse. Ce brillant adepte de l'adjectif "épatant" dont il ponctuait souvent ses phrases, a su, à chaque nouvelle parution,  conquérir et conserver  un  large lectorat. Ses publications (plus d'une quarantaine)  s'étalent sur une période allant de 1956 à 2017. Membre de l'Académie française (au fauteuil N° 12, celui de Jules Romains) depuis 1973, cet érudit  fut aussi titulaire de nombreux prix littéraires.  
Interview:  la vie , la mort, Dieu...
https://www.facebook.com/septahuitofficiel/videos/1433404793423536/
La Grande Librairie:  pas d'angoisse de la page blanche ...
https://www.youtube.com/watch?v=m-Sg2WuAT7g 

Johnny, l'artiste ... (1943 -2017). Chanteur, comédien, acteur (ayant obtenu le prix Jean Gabin, en 2003 pour son rôle dans le film "L'homme du train"), compositeur (plus de 100 chansons pour son propre répertoire, 13 pour 11 divers  interprètes(dont Sylvie Vartan, Hervé Vilard, Zizi Jeanmaire, Nicoletta...), il est l'un des rares à être entré dans la légende,  de son vivant.  Son respect du public n'était pas feint,  et ses fans ne s'y sont point trompés en lui donnant en retour cet acquiescement sans concessions, sans restriction, tel un "culte" confiant que l'on voue à une idole. Car ce mot a rarement pris, hors Johnny H., toute sa signification. Entre l'artiste et l'auditoire, lors des grands concerts devenus mythiques,   on assistait à une sorte de symbiose, qui allait de la reprise en chœur de tous les tubes jusqu'au geste auguste réciproque : celui des mains tendues. Signe de reconnaissance, d'échange amical, d'adhésion, comme un lien indéfectible, cet acte spontané concrétisait la communion du moment, porté par un élan profond, plus ancien. En un peu plus d'un demi-siècle de carrière, cet attachement n'a pas connu de faille. Vivre entièrement la prestation scénique, donner du spectacle à voir et à entendre,   et se donner soi-même physiquement (parfois jusqu'à l'épuisement), ne sont pas des performances à la portée de n'importe quel chanteur. La lucidité de Johnny H., sur ce challenge, est très impressionnante, elle transparaît à travers les diverses interviews accordées aux journalistes depuis le début de son parcours. Devant la caméra, le chanteur a retrouvé ses aspirations de jeunesse et il a su trouver le ton juste. On emploie souvent,   à son sujet, des expressions comme: "bête de scène", énergie animale, idole, icône, le boss, le patron, ... pour tout autre que lui,  cela pourrait être à la limite du péjoratif, mais certainement pas pour Johnny H. Car, s'il fut certes tout cela, il possédait une palette comportementale nuancée, dans la vie comme à la scène, bien plus complexe (et bien plus intense). Si on a tendance à  assimiler le personnage artistique  avec l'entrée du Rock & Roll en France (mi XXe s.), avec ses codes vestimentaires, son modus vivendi, c'est juste, mais cela reste  un aspect restrictif. Au gré des albums, des concerts, des films, des pièces de  théâtre, l'artiste était avant tout un homme de son temps, sachant capter les influences, les modes, les collaborations au moment opportun, sans déroger à ses idées. Plus de  100 millions de disques (albums) vendus, 10 Victoires de la musique obtenues, ont jalonné la durée d'une carrière. Or,  le public, la presse, plus que jamais, ne semblent pas bien saisir la différence entre vie privée  et vie publique, ce qui est souvent source de regrettables dérapages. Il reste cependant, concernant Johnny H.,   l'image d'un  départ très bouleversant, à la fois  dans la dignité, le recueillement, et l'hommage musical, par une foule immense, rassemblant des centaines de milliers de fans, encore et toujours fidèles, dans cet ultime rendez-vous, reconnaissants pour tous ces instants de communion et de complicité autour de chaque prestation, depuis tant d'années. Et, pour eux tous,  ce 51e album inachevé contient l'attente d'une publication posthume, comme un au revoir musical...  
Film :" L'homme du train" ( scène avec le regretté Jean Rochefort
https://www.youtube.com/watch?v=DfQlARvtCQc
 Chanson : "Toute la musique que j'aime" (M. Mallory/ Johnny Hallyday)
https://www.youtube.com/watch?v=2sYHoRteXAg
M. Jean-Philippe Smet n'est plus, mais le mythe Hallydéen n'était pas qu'une légende, car l'on chantera pendant longtemps ses hymnes, et l'on contemplera son image.  L'idole n'est pas tombée de son piédestal, elle en est partie, et le socle demeurera à jamais vide.

Free lance Writer  
Culture  Art  Patrimoine 


jeudi 14 décembre 2017

Heures riches de livres précieux

On a récemment évoqué, dans la presse, la possible acquisition par le Musée du Louvre, du livre d'heures de François Ier. L'objet est pourtant de taille modeste, mais son décor est tel que la valeur en est presque inestimable. Une vaste opération de mécénat a donc été engagée. Le précieux petit ouvrage  est l’œuvre d'un marchand joailler réputé sur la place de Paris:  
(Robert?) Allart Plommyer. Ce dernier avait  une spécialisation : il était  lapidaire (tailleur de pierres fines et précieuses, mais pas pour les diamants). Les livres de comptes, du royal train de vie,  font état de nombreuses commandes, de pièces d'exception, passées auprès de divers artisans,  dont ce réputé joaillier lapidaire, ainsi que d'autres spécialistes  pour les travaux de copies, de miniatures, de maroquinerie, d'orfèvrerie.. que nécessitait l'élaboration de ce genre de recueil.
De ces livres de prières, ou de riches heures, la Renaissance est la plus emblématique des époques.
Les enluminures, les illustrations sont de réelles œuvres d'art. Recueils de dévotion, concrétisations manifestes d'un réel savoir-faire artisanal et artistique,  ils sont devenus éléments de patrimoine. 
Pour devenir mécène : 
http://www.tousmecenes.fr/fr/fr 

De Marguerite de Navarre à la Dame de Coettro, les livres religieux précieux rivalisent de figurations expressives et raffinées. Si le
thème marial et nadal en fut la prédilection, le texte lui-même se
présente avec  soin en commençant par des lettrines très ouvragées. 
Ces recueils  peuvent être de  divers formats .. En effet, on distingue: les Grandes Heures, les Très Riches Heures (celles du Duc de Berry- conservées au Musée Condé -à  Chantilly)
https://www.photo.rmn.fr/Package/2C6NU09TF4DL 
à consulter aussi :
http://www.domainedechantilly.com/fr/accueil/chateau/cabinet-des-livres/les-incontournables/
le petit livre d'heures,  les très petites heures d'Anne de Bretagne (Horae ad usum Romanum)
 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84328965/f64.item
Dans ces divers ouvrages, ce sont décors floraux, animaliers, savante palette de teintes rehaussées d'or, rinceaux foisonnants, détails subtils, qui font assaut d'illustrations multiples, mais on y découvre également quelques grotesques, des figures effrayantes,  des tracés réalistes qui reflètent un quotidien parfois utile aux historiens (détails vestimentaires ou de la vie courante: métiers de l'artisanat, vaisselle, parures, travaux des champs...). Faisant aussi office de calendrier, le livre d'heures est avant tout le livre des oraisons  quotidiennes que pratiquent les catholiques. En usage dès le XIIIe siècle et en vogue pendant la Renaissance, ils font suite aux psautiers médiévaux.  Suivant la liturgie pratiquée dans la région du lieu de résidence, ou le pays où l'on se trouvait, de légères variations intervenaient : comme l'emploi d'une autre  langue que le  latin (langue dans laquelle, initialement,  le texte était rédigé). Au XXIe s.,  ces livres, assez rares,  sont devenus  pièces de musées.

Free lance Writer 
Culture  Art   Patrimoine