samedi 16 mars 2013

Au coeur du printemps : la poésie.

Deux semaines,  entre la fin d'un rude hiver et le début d'un printemps que l'on souhaite clément, pour célébrer la poésie et la langue française . Deux manifestations à la gloire des mots, du bien dire, du bien écrire, du bien lire..
-du 9 au 24 mars 2013 : "Les voix du poème" est le thème de cette 15e édition du ¨Printemps des poètes
dont Denis Lavant est le parrain.
- du 16 au 24 mars 2013: 18e Semaine de la langue française et de la francophonie 
"Dis-moi dix mots semés au loin" (thème de cette session 2013)
De quoi être à l'affût des diverses manifestations nationales, départementales et internationales (puisque le français se parle et s'écrit ailleurs que dans l'hexagone) : émissions TV, radio,débats, lectures, expos, presse, enseignement, bibliothèques municipales, ...les participations sont à tous les étages, à tous les âges., .et sous toutes formes d'interventions. Des poètes et des écrivains vont ainsi à la rencontre de leur public, que ce soit pour des retrouvailles, ou de réelles découvertes. Il ne faut pas hésiter à se renseigner auprès des municipalités et des services concernés dans chaque commune, ou sur le net.
Des objectifs qui sont similaires et complémentaires : donner de la voix pour s'exprimer et pour dire, prendre la plume pour les mêmes raisons :  voilà bien de quoi réveiller les consciences, s'étonner, s'insurger,  mais aussi se laisser séduire par la beauté du Verbe, l'heureuse alliance des expressions, les descriptions romantiques, ou le langage innovant d'un XXIe siècle résolument asservi par la technique.  Chansons, poèmes, articles, prose ou versification, chacun a la possibilité de trouver sa voi(x)e  pour se faire entendre. Le genre pourrait sembler désuet, ou tellement galvaudé, que le succès grandissant de la manifestation, depuis plus d'une décennie, pourrait interpeller le quidam. Or, quittant les salons feutrés ou les milieux quelque peu hermétiques d'initiés, la rime est descendue dans la rue, jusque dans les faubourgs, (depuis1986 grâce à l'américain  Mark Kelly Smith) pour mieux "slamer" et "rapper "à son aise. Nouveaux codes, nouveaux styles d'écriture (freestyles) , où l'oralité prime, car ces textes sont rédigés avant tout pour être plus parlés et dits,  que simplement lus sur le support papier. On associe souvent à ces 2 modes d'expression populaire(slam et rap) le R'n'b' et le Hip Hop, respectivement : musique,  et gestuelle acrobatico-chorégraphique. L'ensemble donnant un courant complet de modus vivendi expressif.(voir sur le web de nombreux sites, très documentés,  consacrés au Slam et au Rap).
M.K.Smith
Se mesurer aux grands classiques, même si l'on n'aime pas lire, même si l'on croit ne pas aimer la poésie académique et consensuelle,  est toujours possible, en écoutant les  enregistrements (illustrés ou non  d'images ou de musique) qui sont accessibles en ligne, sur Youtube , pour une audition aisée et agréable. : "La mort du Loup" (A. de Vigny), "Liberté" (poème de P. Eluard , dit par Gérard Philipe), mais aussi des textes de Lamartine, de V. Hugo, de Musset, d'Apollinaire...
Un texte est d'autant plus mis en valeur,  et prend tout son sens, porté par une voix aux intonations modulées, à la diction intelligible. On sait que certains écrits perdent une partie de leur poids à la simple lecture visuelle. "Dire" et" lire" (réciter, déclamer, murmurer...)  n'apportent pas le même plaisir, ni une même compréhension..
Pour se changer les idées, se mettre de charmantes images en tête, ou évoquer des souvenirs d'écolier..  relire  les poèmes des grands écrivains du XIXe et du XXe s :  F. Jammes, P. Fort,  , L. Aragon, M. Desbordes-Valmore, Th. de Banville ...
photo: NL.M.



    "Je dirai le soleil en sa crue beauté

      L'incandescente nue à l'aurore naissante

      Du couchant  écarlate les lueurs éclatées

     Pour mieux te les offrir en corbeille étonnante.."
           (N-L.M. " Présents")                                                                                                       

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La Francophonie , mot employé dès 1880 par le géographe protestant Onésime Reclus, compte actuellement  environ 250 millions de locuteurs, et regroupe les pays du monde où l'on s'exprime en français,  en faisant toutefois le distinguo  entre langue maternelle, langue officielle, ou langue de Culture. La langue française,  c'est l'Histoire qui en permet le constat, fut longtemps représentative et synonyme  de Culture, d'éducation. Parlée dans les cours européennes, et par les milieux intellectuels, elle était le vecteur des débats littéraires, philosophiques, notamment au siècle des lumières.
La Francophonie est un grand vivier d'associations, d'organisations, à buts pédagogiques, culturels, économiques. (voir le site éponyme sur Wikipédia). C'est Nice , qui en cet automne 2013 sera la ville d'accueil pour les 7e Jeux de la Francophonie du 6 au 15 septembre .

 
Molière (J.B. Poquelin -1622-1673)
" Le Bourgeois Gentilhomme"   (Acte II, scène VI- extrait-)
Le  Maître  de  philosophie

Par la raison, monsieur, qu’il n’y a, pour s’exprimer, que la prose ou les vers.

Monsieur Jourdain

Il n’y a que la prose ou les vers ?

Le  Maître  de  philosophie

Non, monsieur. Tout ce qui n’est point prose est vers, et tout ce qui n’est point vers est prose.


Freelance Writer
Culture  Art  Patrimoine

jeudi 14 mars 2013

J-G. Félix Ravaisson, l'élève et le maître.

J-G-F. Ravaisson par Chassériau
F.W.J.  Schelling
H.Bergson
Dans la liste des célébrations ( commémorations, anniversaires, ..) qui songerait à citer J.G.Félix Laché- Ravaisson,  dont l'exceptionnel  palmarès de titres correspond à ses diverses et successives  fonctions?  Né en 1813, il y a donc 2 siècles en cette année 2013, le personnage fut un homme d'esprit, de savoir, de talent et d'action. Il décéda en 1900, après une carrière riche, éclectique et bien remplie. Elève du philosophe allemand  Schelling,   il fut influencé par ses idées et ses théories. Notamment l' Idéalisme, le Romantisme,  et la philosophie autour de thèmes aussi divers que: l'Art, l'Identité, la Nature, l'Esprit, le Moi...Ravaisson traduisit, en français, l'un des  textes  de ce maître célèbre, sous le titre " Jugement de Schelling sur la philosophie de M.Cousin"(1835). Ses propres recherches en philosophie (l'Habitude -en référence à Artistote-Ἀριστοτέλης-,  ) le conduisirent à s'intéresser également aux penseurs et aux courants d'idées de l'Antiquité, mais aussi à la métaphysique.     Plus tard, il devint à son tour enseignant ( il a terminé son parcours professionnel  avec le titre d'Inspecteur Général honoraire de l'Enseignement Supérieur), et fut ainsi le maître de Bergson. Ce dernier est devenu, à son tour,  par ses travaux, ses écrits (Le Rire (1900)-L'évolution créatrice (1907)-L'énergie spirituelle (1919), une incontournable référence aussi bien en philosophie, qu'en littérature (dont il fut Prix Nobel en 1927), et en psychologie. 
Durant sa carrière administrative, en 1870 lors de sa nomination , en tant que Conservateur des Antiques et de la sculpture moderne,  au musée du Louvre, Ravaisson fit restaurer les 2 célèbres statues : la Vénus de Milo et la Victoire de Samothrace.
Vénus de Milo
Victoire de Samothrace
Inspecteur Général des bibliothèques,  il est, en 1841,  l'auteur d'une publication de  rapports de mission sur sa tournée dans diverses structures départementales. Ces bilans concernent plusieurs domaines: la gestion, le financement, le règlement intérieur, le fonctionnement, le recensement des ouvrages...

Pédagogue, philosophe, archéologue, peintre, dessinateur, sculpteur (ayant participé, vers 1886,  à des expositions,   sous son autre nom:  Laché)...,  Ravaisson, surnommé "le lion" à la fin de sa vie, a su mener avec brio, énergie, et détermination,  de multiples tâches,  alliant cohésion et discernement, en sachant se diversifier sans  s'éparpiller.
Quelque peu oublié du grand public, il demeure cependant, par l'importance de ses interventions et de ses actions dans l'Art, l'Enseignement et la Culture,  l'une des grandes figures du XIXe siècle.

Pour en savoir plus, consulter en ligne sur le web:
- L'article de C. Walter (du Musée du Louvre)
- Sur le site Persée: la notice sur la vie et les travaux de M. Ravaisson-Mollien,  par M. Léger de l'Académie,  lue lors de la séance du 14-6-1901)

Freelance Writer
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vendredi 8 mars 2013

To be a woman ...

A l'heure où l'on revendique l'égalité entre les sexes, est-il encore d'actualité de se battre pour affirmer sa personnalité et son genre, en faisant valoir ses droits ? 
En ce 8 mars 2013 : Journée Internationale des droits des femmes , le thème choisi par les Nations Unies sonne comme un défi :  "... agir pour mettre fin à  la violence à l'égard des femmes"
Si le XXe siècle   a  permis aux femmes de gagner quelques avancées (comme le  droit de vote), le XXIe siècle est encore le témoin de leurs combats, alors  que ceux-ci ne devraient plus subsister.  Peut-on  revendiquer les bienfaits de la civilisation, sans en observer les plus élémentaires règles de comportement?  Sociologues, philosophes, politiques, services sociaux, journalistes, évoquant le sujet, parlent de  déontologie, d'incontournables prérogatives, d'acquis non respectés, de reconnaissance, ...
Le monde actuel doit,  plus qu'il ne croit, aux femmes . Leur engagement dans tous les secteurs de la société, leur solidarité dans la lutte contre les injustices, leur implication à faire valoir leurs propres droits, et ceux de la famille, devrait forcer, si ce n'est l'admiration, une certaine gratitude.
De la médiévale Christine de Pisan ( l'une des premières poétesses, femme de lettres) à la contemporaine  Françoise Giroud,:  aventurières, pionnières ou scientifiques, elles furent exceptionnelles, chacune, dans leur domaine.
(M.Curie, E.Peron, F.Dolto, S. de Beauvoir..)
 Les têtes couronnées ont comporté également , à travers les siècles et les événements , de grandes représentantes de la gent féminine: Cléôpatre, Catherine de Russie, Elisabeth Ie d'Angleterre, Elisabeth d'Autriche, Victoria....
D'autres figures marquantes comme Alexandra David Neel, Helen Keller, Indira Gandhi, Mère Theresa, Soeur Emmanuelle, ont imprégné de leurs personnalités respectives, et de leurs actions emblématiques, la marche de l'histoire, en mettant en exergue des solutions et des réponses à des problèmes,  que l'on pensait insolubles ou inintéressants. En relisant les biographies de ces femmes célèbres, on peut mesurer combien l'humanité, dans sa progression, a encore de quoi susciter des interrogations légitimes,  sur la manière dont on a considéré  les femmes depuis le commencement, et sur la façon dont elles sont traitées encore au XXIe siècle.
Apporter sa contribution dans le domaine des Arts, dans la gestion d'un gouvernement, dans la performance sportive, ou l'implication caritative, rien n'a rebuté les femmes. Ni donneuses de leçons, ni fanfaronnes, la plupart d'entre elles  se sont dépassées, afin de faire accepter une théorie, un point de vue, une découverte, dont les hommes  doutaient. Plusieurs de ces personnages ont agi par altruisme,  et par solidarité avec "LA" cause (celle de toutes leurs congénères). 
Chantées et  déifiées par certains, considérées comme muses par d'autres, les femmes ne veulent pas se cantonner aux rôles passifs d'inspiratrices, de beautés glacées pour pages de magazines. Salaires, conditions de vie au quotidien, égalité des chances dans les études ou le monde professionnel, gestion de vie privée, de fortune, de biens... : les raisons sont multiples pour s'insurger encore afin d'obtenir satisfaction, respect, droit...
Mais les 2 plus importants de tous les droits  des femmes ne sont-ils pas aussi les plus simples, les plus logiques, les plus évidents:  vivre et être libres de  s'exprimer ...  ?
Sans être suffragette , chienne de garde, virago, mégère, harpie, .fatale,... ou tout autre qualificatif aussi courtois, une femme ne réclame guère autre chose qu'être traitée en tant que telle, définie dans le moindre dictionnaire.
Femme: être humain adulte du genre féminin.


Retrouver en complément, sur ce même blog,  l'article  du 6-3-2012. (voir dans la colonne de droite sur cette page )
Freelance Writer
Culture  Art  Patrimoine

vendredi 1 mars 2013

813-2013 Santiago de Compostela

Théodomir
St Jacques le Majeur
Depuis 1200 ans, à travers les siècles et   par maintes voies, venant des 4 coins de l'Europe les  pèlerins marchent vers Compostelle... C'est vers 813, en Espagne ( Provincia de La Coruña,   Galicia)  en un champ nommé Campus Stellae,  que l'on (l'ermite Pélage ou  l'évêque Théodomir ???) découvrit le tombeau d'un Saint (St Jacques le Majeur) et quelques ossements, dont on admit qu'ils furent siens. Depuis lors l'endroit, où l'on a érigé un imposant édifice religieux,  est devenu lieu de pèlerinage catholique. Qu'il fut expiatoire, reconnaissant, support de vœu, votif,  ou de quémande, le trajet fut une réelle motivation autant que la destination.
Mais que va-t-on chercher aux chemins de St Jacques ?...
Santiago de Compostella
Un pèlerinage commence toujours par une décision. Celle-ci mûrit parfois pendant des années avant de pouvoir se concrétiser. Vient ensuite le temps du choix de la route à emprunter, de l'itinéraire qui sera le plus propice (le plus court, au paysage le plus agréable, aux haltes les plus appropriées...) et,  pour cela,  les raisons sont aussi multiples qu'individuelles. Pourtant, si l'entreprise est affaire personnelle, on l'accomplit souvent en groupe, ou en famille. Les solitaires s'aventurent rarement, mais il y en a  tout de même.
Muni des attributs du jacquaire (pèlerin du chemin  de St Jacques): bourdon, cape, chapeau "coquillagé",  besace... , le pèlerin médiéval  savait que la route serait longue. Celui du XXIe siècle, même s'il a modifié son équipement pour un confort plus contemporain (chaussures et bâton de marche, sac à dos, vêtements de circonstance, crédencial  (carnet de route à faire tamponner à chaque halte, et qui servira de preuve du pèlerinage accompli), carte géographique ....), n'échappe pas aux inconvénients du périple. La fatigue,  le moral en dents de scie, les surprises (bonnes ou mauvaises), les maux physiques divers selon la saison où l'on effectue  le trajet... sont l'inévitable lot du marcheur sur une longue distance. Les ampoules aux pieds, symbole évident des étapes à franchir, n'ont rien à voir avec les ampoules médiévales (petits récipients en forme de fiole -en étain ou en plomb- ,  témoins  du passage des pèlerins du XIVe et XVe siècles, qui font le bonheur des détecteurs actuels ..), enfouies aux bords des chemins.  En effet, les gens qui entreprenaient ces longs déplacements vers les lieux saints se munissaient de ces petits contenants, afin de   ramener de l'eau bénite , ou des huiles saintes, dont les vertus bienfaisantes devaient  délivrer les malades de leurs maux, mais protéger également ceux qui transportaient ces précieux liquides.
Si, dans la littérature spécifique l'on connaît  le "Codex Calixtinus "(ouvrage dont certains chapitres  sont considérés comme   guide du pèlerin) rédigé par le moine Parthenaisien  Aymeri Picaud, on  a plus tardivement quelques volumes reprenant des textes ( de Ch. Nodier, de P. Mérimée, d'A. Dumas, de Th. Gautier...), narrant des parcours  qui rappellent les  régions  traversées par les jacquaires. On peut citer aussi "Récits de pèlerins de Compostelle - de 1414 à 1531" ( éd. La Louve).
Abbatiale de St Gilles-(Photo: C.V.)
Après une période de désertion des routes vers Compostelle, on a assisté, depuis la fin du XXe siècle, à un regain d'intérêt pour ce genre de pérégrination pédestre. Les raisons en sont peut-être différentes qu'au Moyen-Age. La philosophie, l'écologie, ont, pour certains, pris le pas sur la religion. Que l'on soit protestant, catholique, agnostique, athée, on est tenté par le défi. "Etre en recherche" ( de soi, d'une paix intérieure, de réflexion sur le sens de l'existence...), "faire le point", ou "un break",  sont  des expressions qui reviennent le plus souvent dans le discours des candidats. Pourtant "Aimer Dieu, le craindre, le chercher, le (re) trouver.." constitue encore le credo des pèlerins, qu'ils soient hiérosolomitains, romains, lourdais,  lexoviens, ou étudiants (pèlerinage de Chartres). Confronter un élan mystique avec un effort physique soutenu, n'est pas nouveau. Sans pour autant aspirer à une sainteté égocentrique, ou à un quelconque sujet de vantardise déplacée, le pèlerin part désormais sur la route, avec son propre objectif, sa recherche, sa quête (qui peut être: l'Absolu), mais toujours nanti d'une ferveur, d'une détermination,  lui permettant d'affronter son Moi intérieur en butte avec un monde extérieur,  souvent ressenti comme menaçant ou antipodique. Le silence, la beauté des paysages variés, les rencontres, les échanges,  le partage, les moments de contemplation, la nature omniprésente, les remises en question,  la découverte de lieux fortement symboliques étaient, et  sont, au rendez-vous.Conques, Rocamadour, St-Gilles, Arles, St Guilhem, Revel ... la plupart des édifices offrent aux marcheurs de Compostelle, l'émerveillement de leurs voûtes romanes, la richesse architecturale de leurs sculptures expressives à message, ainsi que le recueillement entre leurs murs aussi rassurants qu'historiques. Tradition ancrée dans la vie  des nations, le pèlerinage a été pratiqué par toutes sortes d'individus, qu'ils soient de haute ou de modeste condition : les  monarques, les membres de leur famille, les nobles, les commerçants, les paysans, les militaires, les bourgeois, les ecclésiastiques... se sont inclinés près du tombeau d'un saint vénéré. De nos jours, il est perçu comme une victoire sur soi-même, permettant,  outre le souvenir d'une période à part dans une vie, une occasion  de la repenser et parfois de prendre enfin une décision que l'on n'arrivait pas à envisager.

Freelance Writer 
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Cardinal F. Marty- pèlerinage de Chartres 1971-