vendredi 20 juillet 2012

Temps estival, temps muséal..

Far niente ... ou ne rien faire: cette  tentation de la période estivale, après quelques mois de dur labeur,  n'est pas l'ambition de tout vacancier qui se respecte. Si certains d'entre eux ont un penchant irrésistible pour la sieste, d'autres préfèrent profiter de ce temps libre pour flâner dans des lieux à découvrir, et jouer les touristes récolteurs de photos-souvenirs. On connaît la formule "ne pas bronzer idiot" qui a, certes, ses adeptes, mais aussi ses détracteurs.
Les régions ont bien compris le parti à tirer de la demande culturelle touristique. Et la  mise en valeur du moindre patrimoine local peut susciter la venue d'un public de plus en plus passionné par la connaissance du terroir, au sens large du terme: histoire, gastronomie, environnement...
St Beauzely
Ouvrir un petit musée communal est donc un but qui peut s'avérer lucratif. Mais que de démarches, que de mises en œuvre pour y parvenir ! Si la municipalité est volontaire pour le projet, elle s'appuie souvent sur une, ou des associations locales, afin de  se faire aider dans la concrétisation matérielle. Car il est nécessaire de prévoir:
des locaux, un inventaire du patrimoine( avec souvent un dossier à établir pour le classement ou l'inscription aux M.H.( monuments historiques), une restauration des objets pour une présentation optimisée,  du personnel ( accueil, information, visite, entretien..), la rédaction des panneaux pédagogiques, ou ceux d'un circuit, la publicité et l'information (rédaction de plaquettes, d'articles de presse, interviews, reportages photographiques..) ... Moyennant ces efforts conjugués et cet immense travail préparatoire, la structure peut accueillir le visiteur. Le défi à relever est multiple,  il s'agit de retenir l'attention, d'inciter à  la curiosité,  d'avoir une ou plusieurs pièces rares, "stars"du musée,  à présenter dans le parcours de déambulation... Autoriser ou non les photos, en se conformant à la loi en vigueur,  est plus ou moins bien perçu par le touriste qui tient beaucoup à conserver une trace  de son passage dans les lieux, un souvenir d'un objet qui lui a plu.( cf. l'article L 111-1 du Code de la propriété intellectuelle  - http://www.adbs.fr/un-musee-peut-il-interdire-de-photographier--100130.htm )
St Izaire
On ne dira jamais combien sont indispensables tous ces lieux d'exposition, de connaissance, de mémoire des us et coutumes,  que sont les modestes  Musées d'arts et traditions populaires,  éparpillés dans les diverses régions d'un pays,  hors des capitales aux grands espaces célèbres et très fréquentés.  Il est  donc logique de saluer les mairies, les bénévoles (souvent anonymes) qui s'activent pour que perdurent ces lieux étonnants, parfois nichés au sein de sublimes bâtiments, quelque peu en détresse,  mais  au  si riche passé. Les collections que l'on peut y  admirer sont émouvantes, inattendues, désuètes mais significatives. Confrontation étonnante des siècles précédents et d'une époque contemporaine qui ne renie pas la source de ses acquis.
Sévérac le château
Apcher
Il peut y voir de la fierté dans la démarche, mais  ce qui motive les passionnés d'histoire et de patrimoine,  c'est avant tout le désir de transmettre. Fédérer un groupe autour d'une telle entreprise, c'est déjà une étape positive. L'action de mettre en commun des trouvailles ( souvent des dons de particuliers) : objets, outils,  matériel archéologique, mobilier, vêtements,... pour se remémorer les temps anciens, se complète aussi par la conservation et la restauration d'éléments architecturaux  : bâtiments religieux, fontaines, lavoirs, ruelles, façades...
St Izaire
A l'ère de l' iPad, de l'iPod, et de l'iPhone 4 S , s'intéresser à l'archerie médiévale ou à l'héraldique du XV°s. s'apparente, à première vue,  à un bien curieux anachronisme. Cependant les savoir-faire spécifiques ancestraux  ont de quoi passionner encore des visiteurs avides de  connaître des techniques presque tombées dans l'oubli,  mais qui apparaissent au détour de scènes de films historiques et dans les animations de fêtes à thèmes. L'art de tourner un sabot, celui de forger une épée, ou de filer la laine, ou de travailler le cuir, peuvent captiver le chaland, qui assiste en direct à la façon. Outre cette mise en situation concrète, la visite d'un musée,  qui expose des outils adaptés à ces métiers respectifs, peut littéralement faire toucher du doigt les diverses techniques et gestes de professions manuelles, aujourd'hui très mécanisées ou disparues. Compléments appréciables des infos proposées sur le Web , dans les revues,  et  dans les vidéos, la démonstration "in live" ainsi que le parcours muséal, ont une dimension pédagogique évidente. Mais l'on ne saurait bouder son  plaisir d'adulte à  pouvoir s'extasier devant le décor floral bleuté d'une assiette en faïence, ou en constatant  la finesse d'une broderie jaunie par les ans. Mieux comprendre les difficultés, et aussi l’ingéniosité nécessaires, dans les actes de la vie quotidienne d'une famille villageoise vivant en bourgade, ou celle de paysans isolés sur leurs terres, c'est également mieux aborder la notion d'adaptation aux conditions et aux péripéties de l'existence, durant les siècles précédant le nôtre.

Freelance Writer
Culture Art  Patrimoine 

photos: N-L. M. / C.V.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.