Plusieurs expressions du langage s'appliquent à décrire le goût que l'on a pour la musique. Du
simple air qui trotte dans la tête, aux pieds qui marquent le tempo, on peut être en effet un authentique fan, mordu, amateur du genre, sans pour autant être un vrai professionnel. Or, il existe des êtres pour qui la musique est un réel modus vivendi, et dont l'attrait pour la discipline n'est pas quantifiable. Dire qu'ils touchent au génie n'est pas un euphémisme. Car, outre l'apparent talent inné, l'évident don reçu, il y a la très puissante motivation, et le travail intense accompagné des inévitables contraintes. Chaque siècle a connu de pareils musiciens. Peu nombreux, certes, mais assez pour marquer leur temps de leur forte personnalité, en tant que compositeur, ou interprète (parfois les 2). Pour le public, c'est, à chaque découverte d'un nouveau prodige, un réel choc émotionnel et culturel.. Si l'on aime suivre la carrière, l'évolution de l'interprétation ou de la composition des œuvres, on s'attache également à la personne. Il est toujours étonnant, et émouvant, de constater l'impact réciproque de ce double échange entre un artiste et son public.
Jean-Sébastien Bach : (1685-1750). Entre baroque et classicisme, si l'on connaît Bach surtout par ses compositions religieuses ( messes), pour ses concertos Brandebourgeois, et pour ses remarquables pièces pour orgue, le grand public méconnaît souvent les autres partitions. Il est vrai que la production globale du compositeur atteste une rare prodigalité.
Le compositeur est à Weimar dans les années 1730, lorsqu'il rédige les concertos pour clavecin. C'est une importante série, de 13 pièces (de BWV 1052 à 1065), écrite pour 1 (7 concertos), 2 (3 concertos), 3 (2 concertos) ou 4 (1 concerto) claviers.. Ils peuvent être aussi interprétés au piano, et l'on entend habituellement en concert, le BWV 1056 en Fa m (dont le Largo est assez populaire, car il est fréquemment utilisé comme musique de film grand écran ou publicitaire), et le BWV 1055 en La M.
David Fray fait partie de cette catégorie de musiciens d'exception qui savent immédiatement conquérir le public. Pianiste au jeu naturel, aisé, chantant, festonné, il incarne l'esprit de la musique avec juste ce qu'il faut de lyrisme. Son respect de la partition n'ôte en rien la vie (et la vivacité) de la ligne mélodique, en restant fidèle à l'idée créatrice du compositeur. La conception du jeu, de la mesure, émerge d'une volonté personnelle, certes. L'homme sait ce qu'il veut, et pourquoi il le veut ainsi. Le regard est partout : sur le clavier, sur la partition, sur l'orchestre, sans jamais s'éloigner de l'essence même de la pièce interprétée. L'enthousiasme communicatif, et la passion, de cet élégant trentenaire (né en 1981 à Tarbes) se complètent d'humour, de mimiques enjouées, du bonheur évident de l'interprétation réussie et de la technique hautement maîtrisée. Ludique et désinvolte, en apparence seulement, au style enlevé et libre, le phrasé musical est néanmoins sérieux sans être pesant, ni compassé. Sous les doigts de David Fray on redécouvre les géants classiques : Bach, Schubert, Mozart... car il les revisite, par une lecture quasi "charnelle", en leur donnant force et grâce.
La posture devant l'instrument, la course des mains sur le clavier, l'implication non feinte dans le jeu pianistique (y compris dans le discret murmure de la mélodie dominante) ...font que l'on ne peut s'empêcher de voir poindre l'ombre du maestro Glenn Gould.
Mais ce n'est qu'un simple signe de reconnaissance intergénérationnel, comme une passation. David Fray a su s'émanciper de ses prestigieux modèles, et des "maîtres à jouer" , sans les trahir. Il vit sa propre carrière, par ses choix de répertoire, établis avec intelligence, discernement, tout en sachant leur imprimer sa marque individuelle particulière. Le public ne s'y trompe pas, depuis plusieurs années, puisqu'il est au rendez-vous des concerts et des sorties d'albums, sachant pertinemment qu'il va partager un moment rare.
à voir et entendre: le concerto en La M. BWV 1055 de J-S. Bach
https://www.youtube.com/watch?v=7eTjNJANoO0
Concerts dans l'hexagone en 2015 :
https://www.facebook.com/DavidFray.officiel
Free lance Writer
Culture Art Patrimoine
simple air qui trotte dans la tête, aux pieds qui marquent le tempo, on peut être en effet un authentique fan, mordu, amateur du genre, sans pour autant être un vrai professionnel. Or, il existe des êtres pour qui la musique est un réel modus vivendi, et dont l'attrait pour la discipline n'est pas quantifiable. Dire qu'ils touchent au génie n'est pas un euphémisme. Car, outre l'apparent talent inné, l'évident don reçu, il y a la très puissante motivation, et le travail intense accompagné des inévitables contraintes. Chaque siècle a connu de pareils musiciens. Peu nombreux, certes, mais assez pour marquer leur temps de leur forte personnalité, en tant que compositeur, ou interprète (parfois les 2). Pour le public, c'est, à chaque découverte d'un nouveau prodige, un réel choc émotionnel et culturel.. Si l'on aime suivre la carrière, l'évolution de l'interprétation ou de la composition des œuvres, on s'attache également à la personne. Il est toujours étonnant, et émouvant, de constater l'impact réciproque de ce double échange entre un artiste et son public.
J-S. Bach en 1715 |
Le compositeur est à Weimar dans les années 1730, lorsqu'il rédige les concertos pour clavecin. C'est une importante série, de 13 pièces (de BWV 1052 à 1065), écrite pour 1 (7 concertos), 2 (3 concertos), 3 (2 concertos) ou 4 (1 concerto) claviers.. Ils peuvent être aussi interprétés au piano, et l'on entend habituellement en concert, le BWV 1056 en Fa m (dont le Largo est assez populaire, car il est fréquemment utilisé comme musique de film grand écran ou publicitaire), et le BWV 1055 en La M.
David Fray |
La posture devant l'instrument, la course des mains sur le clavier, l'implication non feinte dans le jeu pianistique (y compris dans le discret murmure de la mélodie dominante) ...font que l'on ne peut s'empêcher de voir poindre l'ombre du maestro Glenn Gould.
Mais ce n'est qu'un simple signe de reconnaissance intergénérationnel, comme une passation. David Fray a su s'émanciper de ses prestigieux modèles, et des "maîtres à jouer" , sans les trahir. Il vit sa propre carrière, par ses choix de répertoire, établis avec intelligence, discernement, tout en sachant leur imprimer sa marque individuelle particulière. Le public ne s'y trompe pas, depuis plusieurs années, puisqu'il est au rendez-vous des concerts et des sorties d'albums, sachant pertinemment qu'il va partager un moment rare.
à voir et entendre: le concerto en La M. BWV 1055 de J-S. Bach
https://www.youtube.com/watch?v=7eTjNJANoO0
Concerts dans l'hexagone en 2015 :
https://www.facebook.com/DavidFray.officiel
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