dimanche 25 janvier 2015

Foires et forains

" Au Roy appartient seul et pour le tout en tout son royaume et non à autre à octroyer et ordonner toutes foires et tous marchés" (ordonnance royale transmise par un lieutenant à la commune concernée)
Cf : Jean Combes "Les foires en Languedoc au Moyen-âge " (pages 231 à 259 - vol 13 - N°2 - 1958)
lire aussi : 
http://archives.brive.fr/Docs/BM212_juin2009.pdf
Attestées  vers le XIVe siècle,  dans le  Nord de la France, et relevant anciennement d'un droit régalien, les grandes foires marchandes ont une belle longévité dans l'hexagone. Selon les chiffres avancés par les communes (et par l'Histoire, dans certains manuscrits)  on annonçait, en 2014, une datation plus ancienne (le XIIe s.)  :
 Drouais: 835e édition ( foire fondée en 1179), à la même époque on cite également Troyes, Lagny parmi les plus fréquentées.
 Beaucroissant : 796e édition (foire fondée en 1219)
 Provins : 565e édition (foire fondée en 1450)
Plus au sud, les Foires méridionales : 
 Carpentras : 490e édition (foire fondée en 1525)
 Beaucaire: Foire internationale fondée en 1217, dite:  de Ste Madeleine.On y dénombra environ 120 000 visiteurs en 1769.

Bien évidemment,  on venait dans ces lieux pour faire des achats et des affaires. Mais ces rassemblements "économiques", qui pouvaient durer une à deux semaines,  étaient  prétextes également à des démonstrations, et des spectacles. Ainsi trouvait-on, sur les champs de foire, des bateleurs (jongleurs, montreurs d'ours, comédiens, acrobates..) pour distraire le public, montrer un certain savoir-faire, exhiber des sujets et objets inconnus, capables de susciter étonnement ou compassion. Ces manifestations se tenaient généralement sur les places publiques, dans le centre des villes,  ou sur un emplacement appelé "foirail". Quelques communes ont gardé, à travers les siècles,  le nom de ces endroits.
Lieux d'échanges, de ventes, de rencontres, on y retrouvait une autre ambiance que sur les marchés habituels (plus fréquents et présentant des produits locaux). On y venait de loin, parfois d'autres régions, on attendait cette occasion avec impatience et fébrilité, car elle ne se produisait qu'une fois l'an (sauf dans quelques villes comme à Lyon où se tenaient 4 foires /an). Généralement attachée à une période particulière, à un jour précis (exemple:  la St Michel, St Médard, St Louis, ou St André...  ), la Foire servait également de repère, par  la datation, pour traiter certains actes ou marquer le début ou la fin des travaux des champs (baux, impôts, récoltes, arrentements...). Il en est fait souvent  mention dans les archives de documents  notariés.

 Le Musée des Arts forains fondé par Jean-Paul Favard rend hommage à la mémoire du monde de la fête foraine, de ses attractions, de ses employés, et de ses artistes.
Nées au XIXe siècle, ces fêtes sont des continuités des  médiévales qui accompagnaient les foires marchandes. Les cabinets de curiosité (cf l'abbé Jean-Antoine  Nollet (1750))  en sont également l'origine.   L'itinérance comme mode de vie, la volonté de montrer des nouveautés, des technologies récentes, ont toujours été chevillées au milieu particulier de la fête foraine qui, par là même, dépasse le seul but de l'amusement du public.
Manèges, carrousels,  stands divers, confiseries, attractions sous chapiteaux, chenille, Mur de la mort,  train fantôme, lutteurs, hommes forts, petits chevaux de bois,  bateau pirate, autos tamponneuses, voyance, loteries,grappin à surprises, pêche au canard, grande roue, tir à la carabine, grand Huit, ...même si les noms des manèges changent au cours des décennies,  les animations,  les émotions, les  sensations,  sont les mêmes. On chahute, on rit, on crie, on joue à s'effrayer, pour quelques instants. Tous les publics, jeunes et vieux,  sont attirés par les flonflons, les lumières multicolores, les parfums des beignets, des pommes d'amour, des barbes à papa. On se presse donc, le plus souvent  en famille, ou en groupe d'amis,   pour déambuler sans autre souhait que celui de s'amuser,  entre les baraques de la foire, au son de musiques dominantes.  
Souvent décriée,  pour l'exhibition de  personnages  dits "phénomènes", la foire du XIXe s. (et même  jusqu'au début du XXe s en 1958, à Bruxelles), comme certains cirques,  employait des êtres souffrant de problèmes de poids (obésité) ,de taille (hyper ou hypo croissance), d'hypertrichose ou d'hirsutisme. Cette époque est bien révolue, les mentalités ont évolué, et la Loi  a veillé. 
On doit souligner que les premières avancées technologiques du XXe s. ont été, en partie,  popularisées  par leur présentation sur les champs de foire, au son des limonaires.   Ainsi en est-il des épreuves photographiques , des premiers films de cinématographe.
Considérée comme une véritable institution,  en 2013 la Foire du Trône (Paris) a fêté sa 50 e édition.
A signaler aussi :  la  Dippemess de Francfort (Allemagne), la foire de Mouscron (Belgique- du 20 au 29 mars 2015), la fête foraine de Brighton(Angleterre), la feria de Barcelone (Espagne- avril 2015), le célèbre parc du Prater à  Wien(- Autriche) où la fête foraine est permanente.




Pour en savoir plus :
Pierre Léon, Vie et mort d'un grand marché international. La foire de Beaucaire (XVIIIe-XIXe siècles)- 1953-
Marcel Campion et Catherine Gravil: D'où viens-tu, forain ? 
http://www.museedelamagie.com/h_pages/pedehef/expo_forain%20.pdf
http://www.linterforainonline.fr/pages/La_Foire_Saint_Laurent.php
http://www.arts-forains.com/

Free lance Writer 
Culture  Art  Patrimoine

pour B.H.


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