samedi 13 mai 2023

De Bibliothèques en Médiathèques

 L'histoire du savoir est inévitablement  liée à la conservation des documents. Le concept de rangement s'est alors imposé comme une évidence. Si l'on évoque les grandes bibliothèques de l'Antiquité (celles d'Alexandrie, d'Herculanum, de Pergame...), l'on doit hélas tenir compte des divers faits divers (destruction, incendie, vandalisme...) qui ne permettent plus de voir à quoi ressemblaient ces édifices, gardiens de précieux documents. Mais, par d'étonnantes reconstitutions en 3D, les technologies nouvelles en donnent une certaine idée, basée sur quelques menus renseignements à travers d'antiques témoignages. La bona fama de ces immenses bâtiments, aux grandes capacités de stockage, a laissé trace à travers l'Histoire.  

L'Antiquité:

ALEXANDRIE: 

La grande bibliothèque publique (de 4000 à 400 000 rouleaux), créée en l'an 288 av. J-C.  par Ptolémée Ier,  est entrée dans la légende par une double porte: celle de sa réputation,  et celle de l'important incendie qui la détruisit. Référencée par de nombreux écrivains de l'Antiquité, elle a connu divers déboires avant de connaître une véritable renaissance à l'époque contemporaine (XXe et XXIe s.), grâce à une prise de conscience collective, et à des volontés de responsables culturels. Le nouveau bâtiment, d'une architecture spectaculaire,  est,  à sa manière, un digne héritier de son lointain prédécesseur. Un manuscrit du XIIIe s. fait état d'une liste d'une douzaine de directeurs connus qui se sont succédé à la tête du bâtiment originel. Outre celle d'Alexandrie,  l'on a coutume de citer également la bibliothèque de l'époque hellénistique:  Pergame (en Asie Mineure), dont on a retrouvé quelques ruines "parlantes".   

HERCULANUM : la villa des papyrus (papyrii) 
                                                                 
L'édifice privé, "redécouvert" récemment, est un étonnant survivant du cataclysme Vésuvien. Estimé comme étant  la probable résidence secondaire d'un érudit (Lucius Calpurnius  Piso Caesoninus (successivement: légat, censeur, proconsul, prêteur, édile, questeur), père de Calpurnia, 4e épouse de  Jules César - Ier s. av. J-C.), l'ensemble de vestiges a fait l'objet de plusieurs campagnes de fouilles depuis 4 siècles. On compte environ 1850 rouleaux de papyrii (exhumés au XVIIe s. et actuellement conservés à la BN de Napoli)  contenant des textes, parfois en double exemplaire,  de poètes, de philosophes, d'historiens. L' état de ces rouleaux n'autorise pas une lecture aisée à l'œil nu, mais après un traitement aux rayons X, et l'exploitation par des scientifiques spécialisés, on a été en mesure d'en savoir davantage sur le contenu de ces écrits de l'Antiquité, attestant un  goût  affirmé pour la culture et la connaissance.
                                                 

L'époque médiévale  :
Loin des clichés affublant ladite  période de qualificatifs péjoratifs ( obscure, violente, inculte...), les faits témoignent néanmoins d'un réel appétit de savoirs, et d'un souci de transmission (avec parfois le zèle de l'excès jusqu'à produire des "faux"). Le monachisme a pris le relais des bibliothécaires de l'Antiquité. En effet, dans les couvents et les abbayes, les moines copistes ont reproduit de nombreux textes grecs et latins, récupérés des siècles précédents.  Les renseignements et enseignements ainsi sauvegardés, ont pu franchir encore quelques siècles. Evidemment l'évolution en a modifié certains contenus, tout en y actualisant les données. D'incunables en manuscrits, de copies manuelles à la diffusion en nombre ( grâce à l'invention de l'imprimerie), la Renaissance  a su exploiter ce tremplin culturel pour insuffler un rayonnement et un renouveau, sans renier les bases classiques ( notamment en décor architectural , en astronomie, en littérature). 

                                                            

L'époque moderne :
On parle encore de bibliothèque jusqu'au 3/4 du XXe siècle,  qui verra alors l'émergence d'un nouveau concept : la médiathèque. On n'en est plus aux seuls ouvrages traditionnels (sur un support papier).
 Les locaux  n'ont plus le même format. Leurs déclinaisons laissent place pour des salles de conférence, de projection, de réunion. On y distingue nettement chaque secteur: Jeunesse, Histoire, Romans, Documentaires, Poésie,.. Et, si l'on conserve le système des étagères de rangement,  l'on y adjoint les nouvelles formes de  publications: Mangas, BD. Alors que dans un autre espace l'on propose  de l'audiovisuel, sur des supports différents que les livres.  L'ouverture au public (depuis le XIXe s) a modifié l'esprit et la démarche. La Culture se veut désormais accessible au plus grand nombre d'individus, notamment par  le système de prêt. Depuis le XXe siècle, outre un partenariat avec les établissements scolaires, des animations  à thèmes (débats, rencontres) sont régulièrement proposées. Ainsi, la médiathèque devient lieu de vie. Elle agrandit un champ qu'elle souhaite interactif. Représentant un gros investissement budgétaire,  elle est indispensable, indissociable de l'image et du quotidien de la  commune.  Elle n'est pas seulement lieu de recherche, d'étude, d'emprunt, car elle accueille, elle met en lumière (expositions temporaires, publicité pour événements culturels locaux et nationaux), elle favorise les contacts sociaux. 
Souvent complémentaire d'un musée, il ne faut donc pas craindre d'en pousser la porte, pour apprendre davantage.  

"...Entrer dans une médiathèque est tout sauf un geste anodin, car on en ressort généralement l'esprit plus riche que lorsqu'on y est entré.." N-L. M. 



Freelance Writer  
Culture   Art   Patrimoine 








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