De la prison à la liberté : de 1730 à 1768 Marie Serre-Durand aura passé dans sa geôle de la Tour de Constance, 38 années de son existence (née en 1711 - décédée en 1776).
Post tenebras,sperat lux-
De l'ombre du cachot à la lumière de la liberté retrouvée, il aura fallu quelques siècles pour que l'on redécouvre le parcours de cette icône du protestantisme qui force le respect par la fermeté de ses convictions.
Pour en avoir une idée plus objective, et pour dépasser certaines opinions "romantiques" ancrées dans les mémoires par tradition, quelques éléments de biographie sommaire sont nécessaires à la compréhension du contexte.
http://medarus.org/Ardeche/07celebr/07celTex/durand_pierre_et_marie.html
Si l'on a fait de cette femme une héroïne de la cause protestante, il faut rappeler qu'elle fut baptisée catholique, comme Pierre, son frère aîné. La mère ayant été arrêtée, en 1719, sur dénonciation (lors d'une assemblée huguenote clandestine), puis emprisonnée, les enfants furent élevés par leur père : Antoine Durand, greffier, homme lettré connaissant le latin et le grec.
Pour faire pression sur lui, sur son fils, Marie est enfermée dans la Tour de Constance. Elle sert d'otage. Mais en dépit de cette détention le père reste emprisonné au fort de Brescou, où il est entré en 1729. Le frère, Pierre, prédicant clandestin, est capturé en 1732 et pendu à Montpellier (actuelle allée qui va de la Place de la Comédie au Corum) .
Nommée sous son patronyme de jeune fille: Durand, dans l'Histoire, et dans les listes inscrites sur les registres de la Tour, Marie signait elle-même sa correspondance : "la Durand" puis, "Durand". Or, entrée à la Tour de Constance à Aigues-Mortes en août 1730, elle était mariée à Matthieu Serre depuis environ 3 mois. Matthieu Serre, son mari, a été arrêté le même jour que son épouse. Il fut envoyé au fort de Brescou, où il a retrouvé son beau-père Antoine Durand. En prison, Marie Durand s'illustre par sa correspondance ( très peu avec son mari, un peu avec son père, beaucoup avec sa nièce Anne, les donateurs des églises étrangères, et le pasteur Paul Rabaut). Elle sert de secrétaire à ses co-détenues illettrées ou peu
accoutumées à lire ou à rédiger. Dans l'inconfort de la promiscuité, le partage de cette vie d'épreuves, les femmes se lient d'amitié, parfois durable, entre certaines. C'est ainsi que Marie Durand considère "La Goutète" (Marie Vey-Goutet) comme sa soeur. Libérée en même temps qu'elle, le 14 avril 1768, cette prisonnière partira finir ses jours dans la maison du
Bouschet de Pranles, dont on avait arraché Marie, 38 années auparavant.
La demeure se visite, elle est devenue un musée du protestantisme.
Parmi ces malheureuses détenues pour cause de "croyance hors du royaume" (= hors de la religion catholique), quelques-unes ont abjuré pour retrouver la liberté (sous condition de ne pas "retomber en hérésie" ), d'autres sont décédées entre les murs sinistres de la Tour, tandis que les plus fragiles ont sombré dans la démence, et que les plus résistantes, telle Marie Durand, ont tenu jusqu'à leur levée d'écrou, en dépit de maux divers (dont le paludisme, les rhumatismes, le vieillissement prématuré...). Durant le temps de leur détention le nombre des prisonnières variait. Pourtant une certaine solidarité et un soutien respectif s'exprimaient à travers la lecture ou récitation de textes issus de la Bible, et par le chant des psaumes.
https://www.youtube.com/watch?v=LJgZVi7zBz0
Si un zèle farouche anima certains individus mandatés pour juguler les révoltes et pourchasser les camisards, plusieurs personnalités (Boissy d'Anglas, le Prince de Beauvau,Mme de Pompadour...) se sont émues du sort de ces femmes détenues dans de telles conditions
Marie Durand, décédée en 1776, fut en butte toute sa vie à des aléas de biens fonciers, d'héritage, de sommes dues à rembourser. Ces soucis terrestres concrets, sa détention, ses problèmes de santé, n'ont pas altéré sa conviction profonde. Si on attribue à sa main la gravure du verbe "résister" sur la margelle du puits central de la grande salle de la célèbre Tour, c'est qu'il résume, dans la mémoire des Huguenots, le combat moral, psychologique, spirituel, de toute une vie. Cela correspond-il à la probabilité historique ? Les historiens continuent de se pencher sur une telle question et sur maintes autres interrogations qui entourent encore ce tragique épisode de l'Histoire du Languedoc au XVIIIe siècle.
Pour en savoir plus :
Post tenebras,sperat lux-
De l'ombre du cachot à la lumière de la liberté retrouvée, il aura fallu quelques siècles pour que l'on redécouvre le parcours de cette icône du protestantisme qui force le respect par la fermeté de ses convictions.
Pour en avoir une idée plus objective, et pour dépasser certaines opinions "romantiques" ancrées dans les mémoires par tradition, quelques éléments de biographie sommaire sont nécessaires à la compréhension du contexte.
http://medarus.org/Ardeche/07celebr/07celTex/durand_pierre_et_marie.html
Si l'on a fait de cette femme une héroïne de la cause protestante, il faut rappeler qu'elle fut baptisée catholique, comme Pierre, son frère aîné. La mère ayant été arrêtée, en 1719, sur dénonciation (lors d'une assemblée huguenote clandestine), puis emprisonnée, les enfants furent élevés par leur père : Antoine Durand, greffier, homme lettré connaissant le latin et le grec.
Pour faire pression sur lui, sur son fils, Marie est enfermée dans la Tour de Constance. Elle sert d'otage. Mais en dépit de cette détention le père reste emprisonné au fort de Brescou, où il est entré en 1729. Le frère, Pierre, prédicant clandestin, est capturé en 1732 et pendu à Montpellier (actuelle allée qui va de la Place de la Comédie au Corum) .
Photomontage N-L. M. © |
Photomontage N-L. M. © |
Parmi ces malheureuses détenues pour cause de "croyance hors du royaume" (= hors de la religion catholique), quelques-unes ont abjuré pour retrouver la liberté (sous condition de ne pas "retomber en hérésie" ), d'autres sont décédées entre les murs sinistres de la Tour, tandis que les plus fragiles ont sombré dans la démence, et que les plus résistantes, telle Marie Durand, ont tenu jusqu'à leur levée d'écrou, en dépit de maux divers (dont le paludisme, les rhumatismes, le vieillissement prématuré...). Durant le temps de leur détention le nombre des prisonnières variait. Pourtant une certaine solidarité et un soutien respectif s'exprimaient à travers la lecture ou récitation de textes issus de la Bible, et par le chant des psaumes.
https://www.youtube.com/watch?v=LJgZVi7zBz0
Si un zèle farouche anima certains individus mandatés pour juguler les révoltes et pourchasser les camisards, plusieurs personnalités (Boissy d'Anglas, le Prince de Beauvau,Mme de Pompadour...) se sont émues du sort de ces femmes détenues dans de telles conditions
Marie Durand, décédée en 1776, fut en butte toute sa vie à des aléas de biens fonciers, d'héritage, de sommes dues à rembourser. Ces soucis terrestres concrets, sa détention, ses problèmes de santé, n'ont pas altéré sa conviction profonde. Si on attribue à sa main la gravure du verbe "résister" sur la margelle du puits central de la grande salle de la célèbre Tour, c'est qu'il résume, dans la mémoire des Huguenots, le combat moral, psychologique, spirituel, de toute une vie. Cela correspond-il à la probabilité historique ? Les historiens continuent de se pencher sur une telle question et sur maintes autres interrogations qui entourent encore ce tragique épisode de l'Histoire du Languedoc au XVIIIe siècle.
Pour en savoir plus :
Sur ce même blog ,
consulter les 3 articles
suivants consacrés à l'Histoire des Huguenots et du protestantisme:
- La foi au
cœur des Cévennes
-1571-2017 :
le Ve centenaire de la Réforme
- Again on this old way to a new life: le chemin des Huguenots
http://international-culture-blog.blogspot.fr/2016/09/again-on-this-old-way-to-new-life-les.html
Cf également les 2 conférences de N-L. Marti
(avec lecture d'extraits de lettres de Marie Durand par B. Huguet)
à Aigues-Mortes :
/le 3 février 2017 au temple/
- Evocation de Marie Durand (1711-1776)
/le 6 avril 2018 salle N. Lasserre)
- 1768-2018: 250e année de la libération de Marie Durand
et, en projet : à Marsillargues (octobre 2018)
Free lance Writer
Culture Art Patrimoine
Cf également les 2 conférences de N-L. Marti
Photomontage N-L. M. © |
à Aigues-Mortes :
/le 3 février 2017 au temple/
- Evocation de Marie Durand (1711-1776)
/le 6 avril 2018 salle N. Lasserre)
- 1768-2018: 250e année de la libération de Marie Durand
et, en projet : à Marsillargues (octobre 2018)
Free lance Writer
Culture Art Patrimoine
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