Si l'expression populaire "faire tapisserie" n'est ni flatteuse ,ni engageante, on peut aussi déplorer que cette belle activité soit associée à l'attente d'un éventuel cavalier de bal. Mais elle peut tout aussi bien rappeler l'ouvrage de Pénélope, effectué dans la journée, défait la nuit, toujours à recommencer, parce que toujours en attente du retour de l'homme aimé.. La tapisserie n'est plus, depuis longtemps, histoire de femme qui attend....
Pénélope |
Étrange et savant ballet des fils , de la trame, du nouage, de la navette, magie du dessin travaillé sur l'envers : l'artisan exécutant est avant tout habile, dextre, et patient. Les hommes, nommés maîtres tapissiers, autant que les femmes, prisent ce travail, qui peut être aussi un hobby. Les points, très fins, sont issus de techniques précises, (sur métier Jacquard : Loiselles, Gobelins (pour le coton) , Halluin, halluin-cense manoir(pour la laine)). Tapisseries murales ou tapis de sol, les pièces peuvent parfois atteindre de très grandes dimensions. Et l'on constate qu' au cours des siècles, les belles et riches demeures ont su se parer de tapisseries de prestige.Remplaçant le décor en mosaïque romaine, la tapisserie médiévale avait, en plus de la beauté esthétique narrative, l'avantage, en hiver, de calfeutrer les châteaux, pour une meilleure isolation thermique...
Des noms évocateurs, lorsque l'on parle de tapisseries :
Les artistes créateurs cartonniers:
Jean Lurçat (photo montage NLM) |
Louis Toffoli (photomontage NLM) |
Louis Toffoli (1907-1999) après avoir suivi plusieurs voies professionnelles, il s'est consacré entièrement à la peinture depuis l'année 1976 jusqu'à la fin de ses jours. Reconnaissables au premier coup d'oeil, tant le style est personnel (silhouettes , visages, transparences dans les couleurs ), ses dessins, ses toiles, et tapisseries connaissent un succès international. On peut regrouper l'ensemble de la production en divers chapitres : couples, mères et enfants, bateaux, métiers : artisans et ouvriers,animaux...
Les grandes manufactures ou ateliers :
Tournai, Arras, Paris, ont tenu le haut de l'affiche pour les ouvrages de l'époque médiévale.
Aubusson :petite ville célèbre depuis le XVe siècle, pour ses productions, devenue manufacture royale en 1665, elle a donné son nom à un style de tapisserie.Inscrite, par l'Unesco, sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l'humanité, en 2009.
Flandres : Très en vogue à la Renaissance, car certains tapissiers du nord de la France, fuyant les guerres et l'insécurité, se réfugièrent en Flandres, où ils purent continuer à pratiquer leur profession, avec plus de sérénité. Les motifs utilisés pour les décors sont des sujets religieux, bucoliques, mythologiques, souvent symboliques. Des teintes vives, ainsi que des fils précieux ( argent, or)sont employés pour rehausser les diverses figurations.
Tapis de chœur ND de Paris |
Beauvais: (2 sites: Paris et Beauvais), fondée par Colbert en 1664, spécialisée dans les tapisseries de basse lisse (sur métiers horizontaux), elle rivalise, en qualité, avec les produits de la manufacture des Gobelins.
Gobelins : manufacture nationale sise à Paris (XIIIe arr), ayant plus de 4 siècles d'existence, dont les tapisseries acquirent un grand renom jusqu'à être appréciées par le roi Louis XIV, qui vint visiter en 1667 les installations dans les ateliers.
La Dame à la licorne/
Bel ensemble (inscrit en 1841 à l'inventaire des M.H.) , de 6 panneaux de tapisserie(laine et soie) , que l'on dit avoir été commandé par le seigneur Le Viste au XVe siècle. La Dame, entourée de personnages et d'animaux, est mise en scène selon les 5 sens : la vue, l'ouïe, le toucher, le goût, l'odorat, auxquels s'ajoute " A mon seul désir". On s'interroge encore sur la symbolique de chacune des représentations et sur l'ensemble. Depuis 2013, après un nécessaire dépoussiérage, la tapisserie est à nouveau visible à Paris, au Musée de Cluny, où elle est exposée.
http://education.francetv.fr/moyen-age/cinquieme/video/la-dame-a-la-licorne-chef-d-oeuvre-du-musee-de-cluny
Montage Création NLM |
Voir aussi:
L'article de George Sand sur les tapisseries du château de Boussac (in "L'Illustration" du 3 juillet 1847). L'auteure berrichonne, émerveillée et émue lors de sa visite dans ce lieu, fit, pour leur sauvegarde, le signalement du mauvais état des panneaux auprès de son ami, l'inspecteur des monuments historiques, Prosper Mérimée.
Et dans le texte publié en 1923 (die Sonette an Orpheus - partie IV) du poète Rainer Maria Rilke (1875-1926) , la licorne est présente:
O dieses ist das Tier, das es nicht gibt.
Sie wußtens nicht und habens jeden Falls
- sein Wandeln, seine Haltung, seinen Hals,
bis in des stillen Blickes Licht - geliebt.
Zwar war es nicht. Doch weil sie's liebten, ward
ein reines Tier. Sie ließen immer Raum.
Und in dem Raume, klar und ausgespart,
erhob es leicht sein Haupt und brauchte kaum
zu sein. Sie nährten es mit keinem Korn,
nur immer mit der Möglichkeit, es sei.
Und die gab solche Stärke an das Tier,
daß es aus sich ein Stirnhorn trieb. Ein Horn.
Zu einer Jungfrau kam es weiß herbei -
und war im Silber-Spiegel und in ihr.
* * * * * *
Si les tapisseries étaient, et sont toujours, des signes d'aisance financière dans les intérieurs individuels, les édifices religieux (cathédrales, palais épiscopaux) ou les bâtiments de prestige (palais présidentiels, opéras, théâtres, musées), elles constituent également des témoins précieux de styles et d'époques diverses; En effet, leurs cartons préparatoires sont souvent l’œuvre de grands peintres ou dessinateurs qui narraient par leurs croquis des épisodes de l'Histoire. Ainsi l'étude de ces pièces d'ameublement amène -t-elle des renseignements utiles pour la connaissance générale et particulière de faits précis ou de certains personnages célèbres.
Free lance Writer
Culture Art Patrimoine
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