Depuis le XVIIe siècle "l'homme de l'illustre théâtre" fait parler de lui. On attache même à son nom la qualification de la langue française, dite: "langue de Molière". La Comédie Française, que l'on appelle communément "le Français", voue un culte particulier aux pièces de Molière, présentes encore régulièrement à son programme. Et cette dévotion va jusqu'à la dénomination de cette institution, fondée en 1680, que l'on qualifie de : "Maison de Molière" . Beau et lourd patrimoine!
Jean Baptiste Poquelin, sieur de Molière, fils d'un tapissier du roi, et tapissier lui-même (plus en titre qu'en activité ?) est un fin lettré qui a fait des études de droit. Mais c'est dans la fonction de tapissier qu'il accompagna son père, suivant le roi Louis XIII, lors d'un séjour à Narbonne en 1642. Dans cette ville, où il revint en tant que comédien, en 1650, un acte de baptême atteste qu'il fut parrain de l'enfant, d'une comédienne de la troupe, porté sur les fonts baptismaux.
Le théâtre, les dettes, la prison, l'amitié d'un roi (Louis XIV), la trahison(J-B. Lully) les tournées, les amours, les rumeurs, l'écriture, la maladie, la gloire posthume....: la vie de Jean-Baptiste connut des hauts et des bas comme bien des existences. Certes, les deux brefs passages en prison (été 1665) ne le furent pas pour des motifs personnels, mais pour sommes dues non acquittées, concernant les frais de fonctionnement de la troupe de "l'Illustre théâtre".
L'organisation des tournées pose les inévitables problèmes de trésorerie, mais le précieux registre tenu par l'un des célèbres comédiens de la troupe : Varlet ( dit : La grange), aide à se faire une idée des sommes gagnées lors des représentations. Le fameux séjour itinérant en Languedoc, les représentations à Versailles, et dans les hôtels particuliers, celles données dans le cadre des salles des jeux de Paume, ont-elle généré tant de subsides, susceptibles d'enrichir toute la troupe ?
Sans encenser outrancièrement le personnage, on peut néanmoins rappeler
l'importance des écrits, et quelques éléments de sa destinée, afin de
rendre hommage au dramaturge, dont on étudie toujours les textes, et
dont le nom, comme la production, sont des références. L' universalité des sujets de chaque pièce évoque les travers d'une humanité dont le comportement reste inchangé au cours des siècles. Les travers de l'âme humaine, ses mesquineries, ses défauts, son goût de l'argent, du pouvoir, de la puissance, les rapports entre les diverses classes sociales, n'ont de cesse d'alimenter encore les chroniques de presse, les constats des psychologues, et des sociologues.Ne se cantonnant pas à la comédie, le répertoire des pièces de Molière s'élargit en prenant une certaine résonance avec le quotidien de ses congénères. Divertir et faire réfléchir, pourraient cadrer deux dimensions de l'intense écriture moliérienne. La tâche authentique d'un auteur peut échapper au public. Concernant J-B. Poquelin, est-elle complètement discernable ? Certes, un miroir est tendu aux spectateurs afin qu'ils puissent se voir, et y contempler, sans entrave, ni complaisance, un quotidien paradoxal, car il inclut le divertissement. Molière peut donc être qualifié, à la fois, de lucide, de rêveur, d'utopiste, de justicier, de pamphlétaire, de provocateur.
(Merci à B. Huguet pour l'aide à la recherche dans les archives des bulletins parus- ci-dessus: extrait d'un travail de transcription ( l'atelier de paléographie de l'association Litoraria- Aimargues)
Divers documents : des films, des textes contemporains pour attester l'actualité toujours "vivante" de l'auteur. aux XXe et XXIe s.
-"Le roi danse" (film) de Gérard Corbiau- 2000
-"Molière" (film) de Laurent Tirard -2007
- "Molière" (film en 2 parties) d'Ariane Mnouchkine - 1978
-"Molière pour rire et pour pleurer" (feuilleton en 6 épisodes) de Marcel Camus-1973 (avec Jean-Pierre Darras)