dimanche 22 juin 2014

Ola, Mundial 2014 !



Le coup d'envoi a été donné, au Brésil, pour une série sportive très attendue et très suivie : le Mondial 2014  du football.  Douze villes, douze stades, pour faire vibrer des milliards de spectateurs et téléspectateurs :
Belo Horizonte, Brasilia, Cuiaba, Curitiba, Fortaleza, Manaus, Natal, Porto Alegre, Recife, Rio de Janeiro, Salvador, et  Sao Paulo.
Mais ces temples modernes pour Dieux actuels ont leur propre histoire. Qu'ils soient bâtis récemment, modifiés, rénovés, restructurés, ils ont surtout été mis aux normes en vigueur. L'urbanisme n'est pas un vain mot dans le plus grand pays de l'Amérique du Sud (et le 5e au monde pour la superficie et le nombre d'habitants).  Le Castro Mello Architects (société d'architecture sportive) s'est associé, pour la circonstance, avec Ian Mac Kee. Le résultat est assez remarquable : architecture de pointe, sécurité optimale, écologie de haut niveau .. L'exemple le plus démonstratif est le label "Net Zero Energy" obtenu par le  stade de Brasilia.

Autre construction, qui, celle-là, ne rallie pas tous les suffrages et fait polémique : le barrage Itaipu. Le chef indien Amazonien Raoni n'en finit pas de protester contre la déforestation et les problèmes engendrés par un modernisme envahissant, tout en pleurant la cascade des 7 chutes.

Le Brésil (capitale administrative Brasilia, capitale économique Sao Paulo),   n'est pas uniquement tourné vers le milieu sportif et la compétition. Il est également le terreau d'une vie culturelle dense et riche, apportant de nombreux talents à la plateforme internationale,  dans tous les domaines artistiques. Nombreux sont ceux qui ont transité un temps par Paris et l'Europe, afin de terminer et parachever  un cycle d'apprentissage (aux Beaux Arts ou au Conservatoire). Un survol rapide , certainement restrictif et frustrant, autorise néanmoins une (re)mise en mémoire de certains grands patronymes.
Peinture et Arts plastiques :
Candido Portinari (1903-1962), auteur prolifique de 6000 œuvres ( dont le célèbre "Café" :tableau dérobé en 2007 à Sao Paulo),  a laissé son nom à un musée de la ville de Brodowski.
http://museucasadeportinari.org.br/
Iracema Arditi (1924-2006). artiste emblématique qui a créé, en 1972 à Sao Paulo,  le Musée du Soleil (consacré à l'art naïf).
Estela Sokol ( plasticienne)
Musique:
Edu Lobo (né en 1943)  figure majeure de la MPB (Musica popular Brasileira) aussi bien que Gilberto Gil et Chico Buarque. Tous trois ont fait émerger la Bossa Nova jusque dans la variété populaire internationale dans les années 60.
Bruno Procopio (né en 1976) claveciniste et chef d'orchestre, indiscutable valeur référente de la musique classique..
https://www.youtube.com/watch?v=8O_oeMTnn84
Poésie et romans :
Cora Coralina (1889-1985) auteure de littérature enfantine (contes,  poésies) considérée comme l'une des plus grandes écrivaines brésiliennes du XXe s.
Carlos Dumand de Andrade (1902-1987) s'est confronté à tous les styles d'écriture. Il est également célèbre pour avoir été  traducteur d 'œuvres classiques françaises  (de Molière à Mauriac).
Lêdo Ivo (1924-2012) journaliste, essayiste, romancier...traducteur (des textes de  Maupassant et Rimbaud) , il fait partie du Genaçâo de '45  : mouvement moderniste de la littérature brésilienne.

La diversité ethnique, qui peuple aujourd'hui le pays, donne une vivacité et un bouillonnement culturels que l'on a tendance à limiter à quelques clichés pour touristes en recherche d'exotisme et de liesse carnavalesque. Mais au-delà de ces raccourcis faciles, entre le Christ Rédempteur et la baie de Copacabana, les favellas s'étagent sur les pentes des collines.... 
 à écouter :
L'indémodable et touchante chanson  "A Garota de Ipanema"...( de Vinicius de Moraes et Antonio Carlos Jobim)  https://www.youtube.com/watch?v=yQ2GeF7nuyY
à lire aussi :
http://www.blog-habitat-durable.com/article-douze-stades-pour-la-coupe-du-monde-2014-au-bresil-102547221.html

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vendredi 13 juin 2014

Comme un Indien dans la plaine...

L'histoire des tribus du peuple Amérindien émerge peu à peu des diverses zones d'ombre où l'on a
tenté de la cantonner. Pour diverses raisons, qui n'étaient pas forcément  bonnes. Patrimoine culturel, us et coutumes,  tradition orale... : le monde découvre, depuis quelques années, toute la richesse et la précision d'un art amérindien trop longtemps perçu à travers le prisme déformant d’œuvres cinématographiques peu objectives.
Parmi de nombreuses manifestations, l'exposition du Musée du Quai de Branly : "Indiens des plaines"  permet de découvrir et de mettre en lumière une belle collection constituée de 140 pièces,  dont des objets du quotidien, votifs, ou d'apparat,  des vêtements,  et des éléments décoratifs, appartenant à la civilisation des Indiens des Plaines, sur une période allant du  XVIe au XXe s. : Pygargue (coiffes à plumes), Wampum (collier), calumet (pipe cérémonielle), tambours, boucliers...
On a du mal à évaluer la réelle importance de  ce pan concret du patrimoine amérindien, car loin d'être le seul apanage de lieux muséaux, certaines pièces de ces collections se retrouvent dans les salles de vente, ou dans des fonds privés.   Depuis le 8 avril jusqu'au 20 juillet 2014,  sous le tire : Indiens des Plaines : le grand musée parisien propose une scénographie  en sept parties autour du thème général, allant de l'expression artistique contemporaine à l'épanouissement culturel, mais passant par l'inévitable  mort du bison,  avec ses dramatiques conséquences pour la survie des tribus. Buffalo Bill (W-F. Cody) n'est jamais loin de l'histoire amérindienne.... certains acteurs du spectacle Buffalo Bill's wild west,  qui fit la tournée européenne (1882-1912), laissèrent sur place  une partie de leur tenue, en la monnayant,  d'autres ne retournèrent pas  en Amérique, comme le chef Feather Man décédé à Marseille en 1890.
Le  vaste territoire des Indiens des Plaines de l'Amérique du Nord, encadré par le Mississippi et les Montagnes Rocheuses,  allait du Canada jusqu'au golfe du Mexique, et se répartissait en 5 zones : Plaines du Nord, Plaines du Sud , Plateau, Plaines de l'Est, et Plaines Centrales. Diverses tribus , vivant essentiellement de la chasse au bison, se partageaient l'espace : Creeks, Sioux, Comanches, Apaches, Cheyennes, Dakotas....


 Q.Parker (1845-1911)Comanche
On peut voir, dans l'exposition du musée du Quai Branly , les portraits de  certains chefs de tribus, immortalisés en témoins de leur temps, posant pour la postérité, à la demande du photographe Edward Sheriff Curtis ou du peintre G. Catlin, à la fin du XIXe siècle. On découvre également  le volet cinématographique qui  propose quelques films (de genre western), représentatifs d'une certaine vision des faits, et des personnages caricaturés, figés dans leurs  rôles respectifs, distribués selon les critères du XXe siècle.  
Si l' artisanat contemporain amérindien  a repris quelques motifs anciens  de décoration,  pour la continuité et la survivance culturelle des acquis des ancêtres, le sacré a gardé une large place dans la vie quotidienne de la descendance. Entre mythes, légendes, croyances, syncrétisme, et inculturation,  les codes et us de la  vie spirituelle ont eu du mal à coexister et à perdurer. Et  l'on regrette le manque de traces écrites, mais l'on peut se pencher sur  l'interprétation et la symbolique des graphismes expressifs, précis, et historiés, figurant sur divers supports (plus ou moins fragiles) tels les peaux de bison  et de cervidé peintes. Outre cela les danses, les chants, les rituels (hymnes à la nature,  héritiers oraux et gestuels de traditions millénaires), rythment toujours les rassemblements festifs  et les rencontres (Pow-Wow).
" Indiens des plaines": une exposition à visiter,  sans réserve.

 à Noter : L'exposition est itinérante. Elle sera aux USA dès septembre 2014(au Nelson-Atkins Museum de Kansas City) et en 2015 au MMA de NY
Commissaire de l'exposition : Gaylord  Torrence

Pour plus de renseignements : 
http://www.quaibranly.fr/fr/programmation/expositions/a-l-affiche/indiens-des-plaines.html
à lire aussi :
"Mythes et croyances des Indiens des Plaines" ( N° 55 de la revue Religions et Histoire -mars/avril 2014)
"Les Indiens des Plaines" ( N° Hors série du magazine Connaissance des Arts - avril 2014)
sur ce même blog l'article consacré à la poésie amérindienne contemporaine :
http://international-culture-blog.blogspot.fr/2013/11/poesie-amerindienne.html

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jeudi 12 juin 2014

Un siècle, c'est bien court, sage Gisèle...

En Juin 2014  la comédienne Gisèle Casadesus fête son centième anniversaire : parcours exemplaire pour une femme exceptionnelle.  Epouse, mère, femme active, et de conviction, Gisèle a mené, et mène encore,  une vie bien remplie. Elle se raconte dans un ouvrage, paru récemment :"100ans, c'est passé si vite !", dont le titre donne le ton. D'origine slave, par sa grand-mère maternelle, G. Casadesus a grandi au sein d'un foyer d'artistes, auprès d'une mère harpiste (Marie-Louise Beetz) et d'un père musicien-compositeur (Henri Casadesus) . Bien qu'ayant choisi de faire carrière au théâtre, la musique est omniprésente tout au long de sa vie. Mariée à Lucien Probst (homme de théâtre)  et mère de quatre enfants, Gisèle Casadesus a su inculquer les bases de la culture musicale à chacun d'entre eux, ainsi qu'aux générations suivantes. La descendance est là pour en attester, même si les voix chosies sont autres , l'art  reste prédominant dans la "dynastie Casadesus" .Transmission d'un savoir qui est, en fait, une vraie passion.
1er prix de Conservatoire d'Art dramatique en 1934, ce sont ensuite 28 années, au service du répertoire de la Comédie Française, et sur diverses scènes parisiennes  pour Gisèle,  cette fidèle Montmartroise qui n'a pas hésité,  non plus,  à franchir les frontières, lors des tournées internationales, pour porter haut les subtilités de la langue de Molière. Théâtre et cinéma ont donc ponctué sa vie professionnelle, dont quelques rôles remarquables, lors de dialogues mythiques (avec G. Depardieu dans : "La tête en friche" (2010).  

Gisèle Casadesus c'est à la fois la courtoisie,  l'élégance, la discrétion,  la modestie, la simplicité, la classe naturelle. C'est surtout   un sourire bienveillant sur la vie, agrémenté d'un regard lucide et honnête sur le métier  de comédienne. C'est également une grande sagesse, apportée, certes,  par l'expérience et les leçons de l'existence, mais assurément  par l'intelligence et la circonspection. L'une des amies de sa profession a trouvé un bien charmant et pertinent anagramme de Gisèle Casadesus : "Sagesse du ciel". Toute une philosophie de vie pour une grande dame,  qui a toujours vécu sa Foi protestante avec authenticité et fidélité. 
 

Pour en savoir plus : 
sites à consulter : 
- La dynastie Casadesus
- Jean-Claude Casadesus (directeur de l'Orchestre National de Lille)
- Dominique Probst (compositeur et percussionniste)
- Martine Pascal (actrice)
-Béatrice Casadesus (peintre, sculptrice, professeure d'architecture)
- Le livre : "Gisèle Casadesus, le jeu de l'amour et du théâtre" ( Philippe Rey)

Au cours d'un siècle d'existence,  les anecdotes ne manquent pas,  et  de nombreux  souvenirs  sont là, bien présents, pour évoquer les grandes rencontres professionnelles( Gabin, Raimu), sur la scène, devant la caméra, pour le grand ou le petit écran. Gisèle sait en faire profiter le public, ainsi que  les jeunes générations à qui elle donne volontiers  maints précieux conseils.


à voir ou  revoir les émissions:  
-http://www.ktotv.com/videos-chretiennes/emissions/nouveautes/v.i.p.-gisele-casadesus-et-bruno-procopio/00085786
http://www.micheldrucker.fr/billets/les-secrets-et-la-classe-de-gisele-casadesus.html,9,76,0,0,551



Ce n'est pas trop de toute une vie pour confronter l'un par l'autre ce monde où nous sommes et ce monde qui est nous."
Marguerite Yourcenar, L'Œuvre au Noir.


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lundi 9 juin 2014

Deux expos parisiennes pour R. Mapplethorpe: photographe américain.

 En 2014, Paris consacre deux expositions exceptionnelles   au photographe américain : Robert Mapplethorpe .(1946-1989)
Deux importants pôles culturels proposent  individuellement une étonnante rétrospective,  pour un duo de regards complémentaires sur l'ensemble de l'oeuvre.
- le Grand Palais (du 26 mars au 13 juillet)s'intéresse à la production de l'artiste sur la décennie : de 1970 à 1980. Etonnants portraits de célébrités, singuliers autoportraits, gros plans sur des détails anatomiques, ... le tout en noir et blanc. Ce thème-là est exprimé plus comme un dialogue, une complémentarité,  qu'une réelle opposition.  L'affiche interpelle par le choix de l'autoportrait (exécuté peu de temps avant la disparition de son auteur).
La symbolique (canne de marche à crâne simiesque) prend alors tout son sens. L'homme,  aux traits las et figés, brandit cette morbide représentation comme pour se rendre à la fois  maître de sa destinée, et annoncer l'inéluctable fin. Peut-être est-ce là une façon de considérer la fulgurance de sa vie, partagée entre un  éclatant talent, et une recherche personnelle oscillant entre la clarté  mystique, côté face, et l'obscur verso ?
http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/robert-mapplethorpe
 - le Musée Rodin ( du 8 avril au 21 septembre  ) 
 On peut y découvrir une thématique mettant en exergue des parallèles entre le travail du sculpteur  Auguste Rodin, et celui du photographe. L'académisme est frappant de similitude tant les postures , les modèles sont en adéquation. Mains, têtes, corps,  sont exaltés, tant comme sujets,  que comme modèles de perfection, qui forcent l'admiration par le rendu si proche du réel.  Un aspect de la production du photographe qui, confrontée à celle du sculpteur, prend ainsi toute son amplitude. On a souvent évoqué cette façon personnelle que Mapplethorpe avait,  pour aborder et pratiquer  son art:  en tenant compte de la mise en scène et de l'éclairage du sujet, afin d'en faire ressortir la dimension et l'intensité voulues.
http://www.musee-rodin.fr/fr/exposition/exposition/mapplethorpe-rodin
Influencé par la production d'Andy Warhol Robert Mapplethorpe a cependant développé son propre style très précocement. Ses débuts ont été marqués par la pratique du dessin, de la recherche en technique photographique, la consultation de fonds photographiques de musées, ainsi que les premiers essais de photos à l'aide d'un modeste Polaroid. Derrière le provocateur, l'artiste dérangeant, autant critiqué qu'admiré, transparaît un homme écorché vif, hanté par des désirs et des fantasmes qu'il cherche à exorciser par la mise en images,  stylisée et scénarisée. Le regard est lucide,  voyeur, cru, sachant aussi se montrer hautement esthétique, décomplexé, parfois éloigné de la bienséance ou du "bien-pensant", mais jamais loin d'une certaine et évidente poésie.
Patti Smith
 Patti Smith, (musicienne, chanteuse de rock, poète, peintre et photographe),dont il fut l'ami, en parle avec beaucoup d'affection et de nostalgie. Elle fut présente lors du vernissage de l'exposition du Grand Palais, et à cette occasion a participé à de nombreuses émissions de TV , accordant même quelques interviews à la presse. Elle a rédigé un livre de souvenirs " Just kids", dans lequel est évoquée la période de sa vie avec R. Mapplethorpe.
- (lire l'article paru dans l'Express Culture, narrant la rencontre avec R. Mapplethorpe)
.http://www.lexpress.fr/actualite/patti-smith-raconte-robert-mapplethorpe_1502868.html
- (écouter P. Smith chanter "Horses" ,  et "Hey Joe", in live ) :
https://www.youtube.com/watch?v=c3coSfks4rQ
Réduire l’œuvre de Mapplethorpe aux seuls clichés érotiques, qui en partie ont fait sa notoriété,   serait singulièrement réducteur, et l'on passerait ainsi à côté des photos les plus caractéristiques de sa maîtrise de  la prise de vue:  celles des végétaux, et les portraits de célébrités, entre autres.On est frappé par l'expression vraie, sans maniérisme, qui se dégage de chaque personnalité. (sur le montage ci-dessous : Yoko Ono, Andy Warhol, Paloma Picasso, Iggy Pop, William Burroughs..)

montage N-L. M.
 Pour en savoir plus sur la production et la biographie de Robert Mapplethorpe ,  consulter le site de La  fondation :  http://www.mapplethorpe.org/

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Man Ray (1890-1976): peintre, architecte, mécanicien, et connaissant le dessin industriel, faisant partie du courant dadaïste,  fut lui aussi un grand photographe, célèbre pour ses saisissants portraits.
Man Ray
montage N-L. M.
Pourquoi rapprocher le parcours de ces 2 artistes ? On pourrait répondre qu'il y a comme une filiation dans la captation des visages, des silhouettes, des poses, par l’œil du professionnel derrière l'objectif.  Les deux hommes ont cassé les codes, avec la revendication affichée d'une recherche identitaire dans l'exercice de leur talent respectif . Question de singularité, d'anti-conformisme, du droit à exploiter d'autres pistes que les canons
académiques en y faisant, paradoxalement, une évidente référence.
De Coco Chanel, à Pablo Picasso, nombreux sont celles et ceux qui se sont pliés à l'exercice de la pose,  pour être fixés à jamais sur la pellicule par Man Ray. 


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samedi 7 juin 2014

Verriers d'Art : white light ..

La fragilité du verre pourrait en limiter l'usage. Mais la magie de la matière est telle que, très tôt,  l'on n'a su, ni pu, se contenter de l'usuel quotidien. Il a donc fallu  aller plus loin: vers l'objet d'art.
La transparence, la translucidité, ou l'opacité, la multiplicité des couleurs et des formes, autorisent toute l'expression créative des artisans du verre.
Depuis le 19 mai et jusqu'au 15 juin 2014, Rodez est le centre d'expositions plurielles pour les maîtres-verriers et  céramistes contemporains.  Six lieux, répartis dans la capitale aveyronnaise, ont été retenus pour cette manifestation. : Mission départementale de la Culture, office de tourisme, Atelier R. Blanc-Bessière, boutique Brossy, Hôtel de ville et la Galerie Ste Catherine. L'ensemble constituant une agréable déambulation dans le centre ancien de la cité Ruthénoise. Cette initiative est due à l'association Dare d'Art (www.asso-daredart.fr) en partenariat avec la commune, la région, le conseil général.
(à noter : le très intéressant catalogue de l'exposition avec présentation de chaque artiste  exposant)

Plus de quarante artistes ont mis en commun certaines de leurs pièces d'exception pour cette remarquable exposition collective, sous le titre général  de "Lumière blanche, écho d'autres noirs". La mise en scène de chaque espace est particulière au local de présentation, sans que la cohérence d'ensemble n'en soit atteinte. Les œuvres, sont toutes l'expression d'un talent singulier et  personnel. Maintes techniques sont représentées : inclusion, assemblage,travail au chalumeau, vitrail, facétage, polissage....

montage: NLM- photos C.V.@
Savoir-faire, talent, compétence, expérience, recherche, matière maîtrisée... , le verrier contemporain n'ignore rien des pratiques anciennes qui remontent à l'antiquité. Il s'en empare afin de mieux les  mettre au service d'une exploitation contemporaine, qui fait place aux multiples interprétations de l'inspiration. Restauration de vitraux, créations d'objets décoratifs , ou usuels (lampes, vases, récipients), œuvres d'art (sculptures, mobiles, suspensions, tableaux en relief), les applications ne manquent pas.  Lalique, Daum, Charder, sont les aînés de ces artistes contemporains qui, à leur tour, utilisent l'émaillage, la gravure à l'acide en camées, le décor en relief, et  le modelé à chaud sur des pâtes de verre polychrome.

Art du feu, le travail du verre fascine. Il fut jadis entouré de mystères. Sa fabrication, transition vitreuse,  (considérée comme une étrange et magique  association alchimique: silice, soude, chaux.. ) suscitait donc  la curiosité.  Actuellement cette activité fait l'objet de visites commentées, d'explications pédagogiques, et l'on est toujours intéressé par le spectacle étonnant du souffleur de verre dans sa fonction. Nombreux sont les lieux (Murano (Italie), Claret(Hérault, le chemin des verriers),  où l'on peut assister à cela.
http://www.cc-grandpicsaintloup.fr/-Halle-du-verre-.html


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vendredi 6 juin 2014

Pierre Soulages: so generous black sun !

L'ouverture du Musée Ruthénois, en fin de mois de mai 2014, a suscité maintes émotions. De la joie à la fierté, de la reconnaissance à l'admiration,  de l'étonnement aux interrogations, certes, mais nul n'est resté insensible à cet événement mondial qui a mis en émoi (et aussi en effervescence)  la préfecture aveyronnaise.
(photos, montage: N-L. M. @)

Pierre Soulages, Ruthénois, "enfant du pays aveyronnais  ", puisqu'il naquit à Rodez un 24 décembre 1919, rue Combarel, est un maître absolu de la peinture contemporaine, doté d'un esprit créatif et novateur. Sa première exposition a eu lieu à Paris,  au Salon des Surindépendants, en 1947, avec d'autres artistes dont Bott, Ubac, Mathieu, Malespine... (ce salon fut présidé par P. Mendès-France). Trois ans plus tard, le succès venant, c'est l'échelon, international.  Ne se réclamant d'aucun courant,  d'aucun groupe, ni d'aucune école, le peintre n'a pas voulu valider l'entrée à l'académique "Ecole Nationale des Beaux-Arts" .Ayant un  atelier à Paris , et à Sète, l'artiste a conservé  un fort attachement au  Languedoc.  Grand personnage, dans tous les sens du terme, car il mesure presque 2 m, l'homme a su  aussi  se montrer grand seigneur. En effet, en  2005 et 2012 son épouse  Colette et lui-même   ont fait donation de plusieurs  œuvres à la communauté d'agglomération du Grand Rodez, autorisant l'idée de ce musée. Partager l'art avec le public :  belle et noble démarche, indispensable pour tout artiste !.
"Œuvrer dans et pour la beauté ". 
Conques : voyage décisif en 1931.  Le déclic lors  de la visite de l'abbatiale,  a relevé presque de la révélation,  et a été  déterminant dans la vocation du peintre.Quelques années plus tard,   la conception des vitraux ( non colorés avec des barlotières en biais) a suscité la surprise, puis l'admiration. Maîtriser la lumière pour la faire pénétrer à sa guise dans un édifice religieux médiéval, relevait du défi, et de la nouveauté absolue. 
(photo :N-L. M. @)
L'Outrenoir, emblème d'une partie de la production de P. Soulagesa émergé en 1979, après de nombreuses séances de recherches picturales et pigmentaires. La couleur noire est magnifiée, déclinée, exposée dans son individualité (pas de contiguïté avec d'autres couleurs), mise en reflets et en relief. Elle capte ainsi d'autant mieux la lumière naturelle, qui vient de l'extérieur,  cherche à la "cueillir", plutôt que la frapper, selon l'angle directionnel que la course diurne lui octroie et impose .  Le choix de grands formats confère à chaque tableau  une certaine force. Face à l’œuvre le visiteur peut être décontenancé ou impressionné, curieux ou admiratif, mais jamais indifférent.  La couleur noire, sortie enfin de  son funèbre (et occidental) contexte, peut accéder à la beauté intemporelle, en une éclatante  sublimation, entre profondeur,  matité, brillance, chatoiement,  et surbrillance.

Le musée /  Érigé sur l'emplacement de l'ancien Foirail, c'est un étonnant espace dans son écrin,  constitué de  parallélépipèdes de béton, recouverts  de plaques de métal oxydé brun rougeâtre(acier Corten). Il n'est pas entièrement dévolu aux toiles de P. Soulages. Le lieu  développe une surface de 1600m², dont 500 sont consacrés à l'exposition temporaire des œuvres d'artistes invités. L'ambiance générale est sobre, et la mise en scène à la fois pédagogique, chronologique, le musée est  accessible autant  aux enfants  qu'aux adultes. Il abrite un centre documentaire, un lieu de projection,  et une salle de conférence. Lors de l'inauguration la foule a été dense et patiente, supportant  une longue attente, avant d'accéder au musée, dont l'entrée fut gratuite, pendant ce w-end inaugural  Mais l'enjeu est de taille car la collection permanente comporte 500 œuvres (dont des eaux fortes, lithographies, sérigraphies, encres, brous de noix, gouaches...), augmentées des  23 "Outrenoirs"   de l'exposition temporaire : ce qui constitue l'ensemble le plus  important, au monde, de l'impressionnante  production de P. Soulages.  
(photos, montage: N-L. M. @)
Quelques expositions récentes :
- St Paul de Vence :Fondation Maeght (du 30 juin au 5 nov. 2006)  "Le noir est une couleur"
- Strasbourg "Soulages, le temps du papier" (31oct. 2009 au 3 janv. 2010)
- Montpellier (en 2011) collection devenue, depuis lors,  permanente
- Lyon (fin 2012 janv. 2013)
- New York (du 24 av. au 27 juin 2014)Galerie D. Lévy et E. Perrotin
Parutions : L'ouverture du Musée P. Soulages est un événement qui  a fait l'objet de nombreuses parutions.  Ce fut aussi l'occasion de mettre en exergue les ouvrages déjà édités,  consacrés à son parcours professionnel et à ses œuvres.
La médiathèque de Rodez (www.ville-rodez.fr) propose une très intéressante et très complète  brochure, en petit format,  sur les ouvrages de prêt. De la biographie, à la filmographie,  du fameux catalogue raisonné de l’œuvre (par Pierre Encrevé) aux illustrations d'ouvrages,  rien de ce qui concerne P. Soulages, n'est oublié.
Depuis les premiers dessins de Pierre Soulages, tracés  durant son enfance, ici à Rodez, dans sa maison natale, presque un siècle s'est écoulé, en une carrière exceptionnelle faite de travail, de recherches, de questionnements, de créations,  jusqu'à la concrétisation de l'immense projet du musée éponyme.

Venir à Rodez c'est aussi, lorsque l'on y accède par le sud,  avoir la possibilité de traverser le viaduc de Millau, qui, en cette année 2014 , fête ses 10 ans de construction. (cf le hors série 2014, du quotidien  Midi Libre, qui célèbre cet anniversaire) . Le spectaculaire édifice, haute figure de l'Aveyron, a su allier, grâce à l'ingénieux talent de l'architecte Norman Foster, l'esthétique au fonctionnel. 


Pierre Soulages :"L'Art donne un sens à la vie "


(technique son et image C.V. pour ICB@)



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