vendredi 6 juin 2014

Pierre Soulages: so generous black sun !

L'ouverture du Musée Ruthénois, en fin de mois de mai 2014, a suscité maintes émotions. De la joie à la fierté, de la reconnaissance à l'admiration,  de l'étonnement aux interrogations, certes, mais nul n'est resté insensible à cet événement mondial qui a mis en émoi (et aussi en effervescence)  la préfecture aveyronnaise.
(photos, montage: N-L. M. @)

Pierre Soulages, Ruthénois, "enfant du pays aveyronnais  ", puisqu'il naquit à Rodez un 24 décembre 1919, rue Combarel, est un maître absolu de la peinture contemporaine, doté d'un esprit créatif et novateur. Sa première exposition a eu lieu à Paris,  au Salon des Surindépendants, en 1947, avec d'autres artistes dont Bott, Ubac, Mathieu, Malespine... (ce salon fut présidé par P. Mendès-France). Trois ans plus tard, le succès venant, c'est l'échelon, international.  Ne se réclamant d'aucun courant,  d'aucun groupe, ni d'aucune école, le peintre n'a pas voulu valider l'entrée à l'académique "Ecole Nationale des Beaux-Arts" .Ayant un  atelier à Paris , et à Sète, l'artiste a conservé  un fort attachement au  Languedoc.  Grand personnage, dans tous les sens du terme, car il mesure presque 2 m, l'homme a su  aussi  se montrer grand seigneur. En effet, en  2005 et 2012 son épouse  Colette et lui-même   ont fait donation de plusieurs  œuvres à la communauté d'agglomération du Grand Rodez, autorisant l'idée de ce musée. Partager l'art avec le public :  belle et noble démarche, indispensable pour tout artiste !.
"Œuvrer dans et pour la beauté ". 
Conques : voyage décisif en 1931.  Le déclic lors  de la visite de l'abbatiale,  a relevé presque de la révélation,  et a été  déterminant dans la vocation du peintre.Quelques années plus tard,   la conception des vitraux ( non colorés avec des barlotières en biais) a suscité la surprise, puis l'admiration. Maîtriser la lumière pour la faire pénétrer à sa guise dans un édifice religieux médiéval, relevait du défi, et de la nouveauté absolue. 
(photo :N-L. M. @)
L'Outrenoir, emblème d'une partie de la production de P. Soulagesa émergé en 1979, après de nombreuses séances de recherches picturales et pigmentaires. La couleur noire est magnifiée, déclinée, exposée dans son individualité (pas de contiguïté avec d'autres couleurs), mise en reflets et en relief. Elle capte ainsi d'autant mieux la lumière naturelle, qui vient de l'extérieur,  cherche à la "cueillir", plutôt que la frapper, selon l'angle directionnel que la course diurne lui octroie et impose .  Le choix de grands formats confère à chaque tableau  une certaine force. Face à l’œuvre le visiteur peut être décontenancé ou impressionné, curieux ou admiratif, mais jamais indifférent.  La couleur noire, sortie enfin de  son funèbre (et occidental) contexte, peut accéder à la beauté intemporelle, en une éclatante  sublimation, entre profondeur,  matité, brillance, chatoiement,  et surbrillance.

Le musée /  Érigé sur l'emplacement de l'ancien Foirail, c'est un étonnant espace dans son écrin,  constitué de  parallélépipèdes de béton, recouverts  de plaques de métal oxydé brun rougeâtre(acier Corten). Il n'est pas entièrement dévolu aux toiles de P. Soulages. Le lieu  développe une surface de 1600m², dont 500 sont consacrés à l'exposition temporaire des œuvres d'artistes invités. L'ambiance générale est sobre, et la mise en scène à la fois pédagogique, chronologique, le musée est  accessible autant  aux enfants  qu'aux adultes. Il abrite un centre documentaire, un lieu de projection,  et une salle de conférence. Lors de l'inauguration la foule a été dense et patiente, supportant  une longue attente, avant d'accéder au musée, dont l'entrée fut gratuite, pendant ce w-end inaugural  Mais l'enjeu est de taille car la collection permanente comporte 500 œuvres (dont des eaux fortes, lithographies, sérigraphies, encres, brous de noix, gouaches...), augmentées des  23 "Outrenoirs"   de l'exposition temporaire : ce qui constitue l'ensemble le plus  important, au monde, de l'impressionnante  production de P. Soulages.  
(photos, montage: N-L. M. @)
Quelques expositions récentes :
- St Paul de Vence :Fondation Maeght (du 30 juin au 5 nov. 2006)  "Le noir est une couleur"
- Strasbourg "Soulages, le temps du papier" (31oct. 2009 au 3 janv. 2010)
- Montpellier (en 2011) collection devenue, depuis lors,  permanente
- Lyon (fin 2012 janv. 2013)
- New York (du 24 av. au 27 juin 2014)Galerie D. Lévy et E. Perrotin
Parutions : L'ouverture du Musée P. Soulages est un événement qui  a fait l'objet de nombreuses parutions.  Ce fut aussi l'occasion de mettre en exergue les ouvrages déjà édités,  consacrés à son parcours professionnel et à ses œuvres.
La médiathèque de Rodez (www.ville-rodez.fr) propose une très intéressante et très complète  brochure, en petit format,  sur les ouvrages de prêt. De la biographie, à la filmographie,  du fameux catalogue raisonné de l’œuvre (par Pierre Encrevé) aux illustrations d'ouvrages,  rien de ce qui concerne P. Soulages, n'est oublié.
Depuis les premiers dessins de Pierre Soulages, tracés  durant son enfance, ici à Rodez, dans sa maison natale, presque un siècle s'est écoulé, en une carrière exceptionnelle faite de travail, de recherches, de questionnements, de créations,  jusqu'à la concrétisation de l'immense projet du musée éponyme.

Venir à Rodez c'est aussi, lorsque l'on y accède par le sud,  avoir la possibilité de traverser le viaduc de Millau, qui, en cette année 2014 , fête ses 10 ans de construction. (cf le hors série 2014, du quotidien  Midi Libre, qui célèbre cet anniversaire) . Le spectaculaire édifice, haute figure de l'Aveyron, a su allier, grâce à l'ingénieux talent de l'architecte Norman Foster, l'esthétique au fonctionnel. 


Pierre Soulages :"L'Art donne un sens à la vie "


(technique son et image C.V. pour ICB@)



Free Lance Writer 
Culture  Art  Patrimoine 

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