vendredi 16 mai 2014

Théâtre à Athènes, en mai. θέατρο στην Αθήνα το Μάιο

Dans le centre historique de la  capitale grecque, rue Akadimou, au théâtre Apo Michanis, Από Μηχανής Θέατρο, deux pièces relèvent le défi. Des textes forts qui traversent les époques, se prêtent-ils aux adaptations contemporaines ? Plus d'un s'y sont risqués. Et l'enjeu est aussi indispensable qu'enivrant, tant on a l'impression que les mots porteurs d'émotions sont intemporels, s'adaptent à tous les décors, et peuvent être dits dans maints costumes. Le geste est ajusté, l'intonation est placée, la mise en espace des situations est réglée, toutes les actions théâtrales évoluent, s'adaptent à l'époque, à l'attente du public, certes, mais surtout à une vision sans cesse renouvelée du texte et de l'intrigue. Cependant, la controverse, le sujet délicat , confèrent à l'entreprise certaines difficultés. Mais les maîtres du théâtre ne s'en laissent pas conter, et savent prendre des risques, dans le respect de l'oeuvre et du message intrinsèque.  
Du 5 au 30 mai 2014 : "Voyage au bout de la nuit " de Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), offre à l'acteur metteur en scène Akis Vloutis, (Άκης Βλουτής), l'occasion de faire apprécier une fois encore sa maîtrise professionnelle.  Les thèmes de l’œuvre Célinienne originale, leurs contradictions, le style d'écriture, n'ont pas emporté l'absolue  adhésion du milieu littéraire, lors de la sortie du roman.  Pour l' adaptation au théâtre,  la  traduction contemporaine du texte (roman dédié à Elisabeth Craig, et qui décrocha le prix Renaudot en 1932),   est assurée par Cecile Inglessis Margellos. En 1933, pour la traduction du roman en russe,  Elsa Triolet y participa, en tant que conseillère. Mais la critique  trouva la version "amputée et quelque peu trahie". En cette année 2014, à Marseille, au théâtre du Gymnase,puis en tournée internationale,  c'est le comédien Jean-François Balmer qui est à nouveau   Bardamu : personnage principal de "Voyage au bout de la nuit"(adaptation de François Massadau et mise en scène de Françoise Petit). Il avait déjà joué le rôle en 2012, au Théâtre de l'Oeuvre, avec succès. La condition humaine, l'apparente dérision appliquée à des faits importants et graves : la guerre, la misère, la maladie, forgent la trame de cette pérégrination pesante et sombre, portée par un héros de l'ordinaire. De quoi effectivement nourrir une interprétation et un jeu à la mesure d'un talentueux  acteur,  et d'un exceptionnel metteur en scène.  

Du 5 mai au 4 juin 2014: " Iphigénie"( Ἰφιγένεια) est reprise par l'auteur, enseignant, directeur d'atelier, et metteur en scène:  Jean-René Lemoine ( Prix Emile Augier) . Pour cette création mondiale franco-grecque, c'est la comédienne Lena Papaligoura, λένα παπαληγούρα,(prix Mélina Mercouri), qui tient le rôle principal. Effi Yannopoulou a été chargé de la traduction du texte. 
Depuis l’œuvre d'Euripide, Iphigénie,  (d'Aulis en Tauride, jusqu'à son tombeau de Brauron (Βραυρών) ), ce sont Glück, Racine, Goethe qui se sont emparés du thème antique de la jeune fille sacrifiée, pour apaiser le courroux des Dieux, et apporter la victoire. Dans la plupart des narrations de l'événement, le crescendo de l'intensité dramatique du récit  atteint l'apogée lorsqu'au dernier moment,  la mort est évitée. Et la victime épargnée deviendra prêtresse, déesse, assimilée à Artémis. Mais il en existe d'autres  versions où Iphigénie, n'échappant pas à son destin,  est immolée.
Si le théâtre, la musique, la littérature se sont passionnés pour le sujet, les Beaux-Arts y ont  également puisé l'inspiration . Les peintres : F. Perrier (en 1633), Torelli (en 1730), Tiepolo....,  ainsi que les sculpteurs Houdon, R-M. Slodtz (1737)... . ont représenté l'héroïne sous des traits certes avenants, mais  empreints de gravité, de désespoir et de  tristesse.
IPHIGENIE  :
Iphigénie - R-M. Slodtz
" Mon père,
Cessez de vous troubler, vous n'êtes point trahi.
Quand vous commanderez, vous serez obéi.
Ma vie est votre bien ; vous voulez le reprendre :
Vos ordres sans détour pouvaient se faire entendre.
D'un oeil aussi content, d'un coeur aussi soumis
Que j'acceptais l'époux que vous m'aviez promis,
Je saurai, s'il le faut, victime obéissante,
Tendre au fer de Calchas une tête innocente,
Et respectant le coup par vous−même ordonné,
Vous rendre tout le sang que vous m'avez donné."

(extrait de la pièce de J. Racine (1675) - acte IV- scène IV )

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