jeudi 9 janvier 2014

Restaurer un monument ? Oui, mais...

Janvier 1814: il y a 2 siècles, à Paris,  naissait Eugène Viollet-le-Duc . Homme d'art et de culture, architecte , restaurateur,  on lui doit, outre le très utile " dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe s." (1856- en 10 volumes), la restauration de maints monuments médiévaux.. Durant sa courte période d'enseignant à l'école des Beaux-Arts de Paris, il fit inscrire, en 1863, l'histoire de l'art comme discipline supplémentaire (et reconnue) au programme .
http://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_raisonn%C3%A9_de_l%E2%80%99architecture_fran%C3%A7aise_du_XIe_au_XVIe_si%C3%A8c
Ami de Prosper Mérimée (inspecteur général des Monuments Historiques),  Eugène Viollet-le-Duc, n'a pas recueilli tous les suffrages. Ses interventions sont, de nos jours, critiquées et controversées. On juge les restaurations plus suggérées que justifiées, plus romantiques que respectueuses du style initial, en tombant dans le
Prosper Mérimée (1803-1870)
pastiche facile du néo-gothique.
« Restaurer un édifice, ce n'est pas l'entretenir, le réparer ou le refaire, c'est le rétablir dans un état complet qui peut n'avoir jamais existé à un moment donné. " Une opinion,  que l'architecte  qui l'a mise en pratique, se verra reprochée. On estime que, dans ces conditions, la restauration devient interprétation, avec des dérives et des outrances possibles.   
De plus, on estime le style et la teneur de ses discours, plus romantiques que scientifiques. Mais le XXe siècle, comme le siècle actuel, à la lumière des avancées technologiques et des connaissances en histoire de l'art, a la dent dure.  Bien des courants de l'architecture moderne et de ses  professionnels,  se sont néanmoins inspirés des théories et des nombreux ouvrages d'Eugène Viollet-le-Duc, qui, dans ce secteur fait figure de précurseur, de pédagogue, de visionnaire.
 Et le patrimoine architectural médiéval,   en grand péril, lui doit certainement beaucoup, grâce aux diverses actions salvatrices menées. On sait pertinemment que,  pour un bâtiment souffrant des ravages du temps,  le dilemme se pose parfois : consolider, restaurer ou les 2 opérations successives ? Tenir compte des moyens financiers mis à disposition n'est pas suffisant, encore faut-il trouver l'homme de la situation .. Depuis quelques décennies les architectes des Monuments Historiques sont formés et compétents pour étudier les dossiers, effectuer les inspections,   et mettre en œuvre les chantiers. Ils sont consultés pour les décisions à prendre et sont responsables du  suivi des travaux.
Pour la postérité, l'évocation du  nom d'Eugène Viollet-le-Duc reste attachée à des bâtisses prestigieuses: châteaux, Hôtels de ville, églises, basiliques, cathédrales....
Si les techniques sont discutables, et le résultat esthétique ne recueillant pas toujours l'approbation, il faut néanmoins reconnaître que la sauvegarde a cependant été effective. Déambuler dans la cité de Carcassonne, admirer la haute stature de la cathédrale de Paris, arpenter les salles du château de Pierrefonds ou d'Eu, serait-il   encore possible sans Eugène Viollet-le-Duc ?
Ses suiveurs, ses élèves, (parmi lesquels quelques-uns se sont illustrés en mettant leurs pas dans ceux du Maître), se sont appuyés sur les bases inculquées, faisant office de  références, pour leurs propres parcours professionnels.
Quelques noms...
Pour l'Art Nouveau : Gaudi, Grasset, Sauvage...
Pour l'enseignement reçu : Abadie, Duthoit, Ouradou...
Restaurer les témoignages du passé en architecture (civile, religieuse, militaire...) aide à mieux comprendre les arcanes de l'histoire, les us et coutumes des générations précédentes, ainsi que les  pratiques et les savoirs oubliés, perdus. Dans le cours des siècles, on a trop souvent et trop vite  démantelé, dépierré,  pour reconstruire ailleurs, en récupérant les matériaux de façon désordonnée. Ce qui fausse aujourd'hui la "lecture" de certains édifices. Le réemploi des pierres n'est pas toujours une évidence concrète visible.
Le touriste, le citoyen, ont,  depuis lors,  l’œil plus exercé,   et, le goût pour l'Histoire, plus averti. Les autorités ministérielles, régionales, municipales, font, en général, leur possible pour maintenir en état un patrimoine, le sachant désormais dépendant de l'essor du  tourisme.


A lire : l'étude critique de Laurent Baridon
http://www.inha.fr/spip.php?article2564


Freelance Writer
Culture  Art  Patrimoine


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