vendredi 28 septembre 2012

Pierres rejetées ... devenues pierres d'angle ..

L'art contemporain a ses inconditionnels, dans un milieu que l'on dit "fermé"  ou sélectif, mais n'est-ce pas parce qu'il se heurte souvent à de l'incompréhension ou de la simple méconnaissance ?
Le débat est loin d'être clos, et n'empêche pas le marché de prospérer..
Les musées, qui sont consacrés à ce style  d'expression, font pourtant de grands efforts pédagogiques, d'informations et de formations. Le jeune public, qui y est volontiers accueilli,  bénéficie de visites commentées très appréciées. S'approcher de l'art,  n'est pas un quelconque renoncement, c'est au contraire  à la fois une ouverture d'esprit, et une sensibilisation au monde de l'expression, qu'elle soit traditionnelle, classique,  ou moderne, avant-gardiste. Voir passer ses œuvres au crible de la critique, (qui n'est pas toujours objective ou tendre) n'est pas un acte porteur d'espoir, ni de projets. Cependant, même sans déclencher un enthousiasme immédiat, un parcours peut-être difficile à mettre en place. Et il faut bien de la ténacité,  et une certaine dose de confiance en soi,  pour  le poursuivre, et réussir à convaincre un public timide, ou réticent, à accepter une "patte" innovante, très personnelle, qui se démarque avec originalité et talent. Certains y  réussissent avec maestria. 
Jimmie Durham :"une question de vie et de mort et de chanter" :  exposition à ANVERS (Muhka), depuis le 28 mai et jusqu'au 18 novembre de cette année 2012 . Cet artiste américain, né en 1940,  est à la fois poète, sculpteur, essayiste. Il a déjà conquis un public enthousiaste,  à travers des manifestations internationales dans de hauts lieux du genre,rendez-vous inconournables :
- La FRAC de Reims, - La München  Kunstverein, - Le Frankfurter  Portikus exh. Hall, - la biennale de Venise...
L'esthétisme ne va pas sans un certain humour et le titre de chaque pièce est déjà une incitation à la réflexion.  J.Durham assume le paradoxe même s'il est teinté de burlesque. L'assemblage devient sculpture et, chez lui,  l'hétéroclite est étiqueté. Défenseur des droits des amérindiens, il donne une empreinte particulièrement référencée  à ses oeuvres.  Oscillant entre sérieux et dérision, l'homme est un artiste engagé. L'exposition anversoise le salue à travers cette importante et 1°rétrospective.


Philippe Pastor : est au MM'ART Monaco Modern  Art , après (entre autres)  une participation remarquée au MoMA ( Museum of Modern Art  de New York) L'artiste monégasque autodidacte (né en 1961) a fait de la nature son principal thème d'inspiration. Les 4 éléments se coulent, explosent, et s'imposent sur ses toiles. L'homme des "arbres brûlés" est aussi celui des coeurs multicolores. Les teintes sont denses, les formes épurées, toniques. Loin des cours didactiques et académiques, son style est aussi bien le reflet d'un rapport personnel à la technique,  que celui d'une implication quasi charnelle avec les supports et les matériaux.  Etre in situ pour mieux s'imprégner du lieu et de l'espace afin d'en restituer l'essence même. 


Kader Attia : né en 1970, il a très tôt transcendé ses émotions, ses peurs, ses souvenirs d'enfance par une exploitation artistique sensible et remarquée. Une  carrière internationale s'ouvre alors pour lui (1° exposition en 1996) , avec des passages au C.C.C(centre de création contemporaine) de Tours, sous le titre "Kasbah" en 2009, puis à la biennale  d'Art contemporain de Lyon en 2005... Les volumes, les formes, sous ses mains,  occupent l'espace dans un agencement particulier, évocateur et lourd de sens. Le corps, la matière, l'identité, l'appel à la conscience,  se mêlent dans des architectures fortes et parlantes. "Construire, déconstruire, reconstruire: le corps utopique" fut le thème explicite de sa récente exposition, et de la conférence,  qu'il a données en août 2012 au Musée d'art Moderne(MAM)  de Paris.
Jackson Pollock : au NMAM de Tokyo  (東京国立近代美術館 ) -a centennial retrospective (du 2-10 2012 au 6-5-2013). Enfant terrible de l'expressionisme abstrait , Jack " the dripper" (1912-1956) a laissé plus de 700 oeuvres. C'est un dixième de cette production  qui seront proposées à Tokyo pour la saison 2012/2013. Maître de la technique de "l'action painting" dans une impulsion positive et créatrice, J.Pollock est ambigu dans ses contrastes. A la fois spontané  et réfléchi, il engendre la fracture ( qui devient fractale) dans le style et la pratique (format des toiles, maîtrise personnalisée des outils et du matériel). Sa nouveauté crée la controverse, retardant une reconnaissance dans le milieu artistique local et mondial. Mais J.Pollock  réussit à émerger, à entraîner dans son sillage des "suiveurs" qui devinrent des disciples de son style novateur.  Hélas, un  vieux démon (addiction à l'alcool dès l'adolescence)lui fut néfaste. Son épouse Lee Krasner, (1908-1984) qui partageait avec succès ,  cette même passion pour la peinture, a eu  cependant  la ténacité  de valoriser l'homme et sa production artistique.

A. Malraux disait que "l'art est un anti-destin", et Schopenhauer pensait que "l'art affranchissait de la vie et de la douleur " ... L'Art peut être, déjà,  un moyen d'exprimer l'indicible, de se projeter soi -même avec ses failles,  dans un mouvement plus ou moins conscient et spontané ... et que le résultat trouve un écho favorable, pour celui qui va découvrir l'oeuvre ainsi née d'une blessure tue. De cet échange naîtra,  alors la reconnaissance...

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dimanche 23 septembre 2012

Frapper les 3 coups ...


Le fameux rideau rouge, tel celui  chanté par Gilbert Bécaud, s'ouvre sur la nouvelle saison théâtrale 2012/2013.  Et, comme chaque année, l'effervescence est palpable: autant chez les acteurs que chez les spectateurs. Cette émotion est compréhensible, car ses racines sont anciennes. En efffet, c'est dans l'Antiquité que l'on peut en retrouver l'origine. On distingue 3 déclinaisons dans le répertoire :
- le traditionnel ( classique)
- le boulevard
- l'avant-garde .
Chacune d'entre elles  a ses adeptes, mais les inconditionnels n'ont pas de préférence marquée,  car ce qu'ils aiment avant tout c'est:  le théâtre .
Le théâtre de boulevard est essentiellement une spécificité parisienne du XIX°s. Populaire, consacré au divertissement, il aurait emprunté son nom au Boulevard du Temple à Paris, artère urbaine qui fut antérieurement désignée sous l'appellation :Promenade des Remparts . Ses débuts officiels ont pour origine un impérial décret , daté du 8 juin 1806, signé par Napoléon I°. Cela concernait une formule qui s'apparentait à un amalgame entre pantomime, ballet, cirque..Le vaudeville triomphera alors bientôt, même si l'étiquette "genre facile" lui sera  immédiatement attribuée. Intrigues, comique, quiproquos, le théâtre de boulevard utilise tous les moyens (portes qui claquent, chassés-croisés, amants dans le placard ...) pour distraire et amuser les spectateurs, avec  des sujets aussi courants que le couple, la famille, les relations patron/ employé, le personnel de service, les revers de fortune et d'amours compliquées .. C'est avant tout  le théâtre de la vie, sans message essentiel délivré, la morale y est (presque toujours) sauve, et l'on y apprend à se gausser  des travers de l'humanité, en souriant aussi de ses maladresses, confrontées à un sort parfois peu favorable, et toujours dans des situations complexes, ambiguës, déclenchant le rire et l'émotion. Même si le jeu des acteurs est appuyé (héritage incontournable de la Comedia del' Arte), le genre connaît encore du succès,  dans  les lieux qui y sont consacrés.
Dans l'histoire du théâtre plusieurs épisodes se sont succédé avant d'aboutir aux spectacles auxquels on peut assister de nos jours dans la capitale française.
 Au milieu du XVIII°s., en 1759,  Nicolet fonde "la Gaîté", puis Audinot ouvrira l"'Ambigu comique", pour  Volange ce sera la salle "les Variétés Amusantes" .. 
les auteurs
les acteurs
"La belle Epoque", celle où les provinciaux se ruent vers la capitale,  pour courir  les boulevards et assister aux spectacles, a connu de grands auteurs. Feydeau, Courteline, Caput, Croisset, Cavaillet ...en faisaient les beaux soirs. Un siècle plus tard, Marcel Pagnol, Jean Anouilh, Marcel Achard, André Roussin, Françoise Dorin, et le Maître (Sacha Guitry) ont poursuivi le mouvement. Le verbe était porté haut, les répliques faisaient mouche, lancées par des pointures d'acteurs ("théâtreux dans l'âme") comme Jean Poiret, Michel Serrault, Maria Pacôme, Jean Le Poulain,  Jean Lefèvre, Jacqueline  Maillan,  Michel Roux... des moments cultes, popularisés par les retransmissions télévisées de l'émission "Au théâtre ce soir".
Le XXI°siècle  n'est pas en reste,  car l'activité n'est pas tombée en désuétude. Bien au contraire, les spectateurs continuent à apprécier ce divertissement "in live" et se déplacent pour assister à des séances dont l'horaire est souvent aménagé (séance aux alentours de 19h) pour disposer de la soirée.
Dans l'actualité du moment :
- Edouard Baer  " ... à la française" ( théâtre Marigny du 21 sept. au 19 déc.2012)
- Michel Leeb   "Un drôle de père"    ( théâtre Montparnasse, à partir du 14 sept.2012)
-  P.Palmade met en scène " 13 à table "  (théâtre St Georges , jusqu'en janv. 2013)
- Isabelle Mergault "Adieu, je reste"( théâtre des Variétés, jusqu'au 7 octobre)
- M-Anne -Chazel dans  "le bohneur" (théâtre Marigny -Popesco, jusqu'au 22 décemb. 2012)
- Pierre Arditi " comme s'il en pleuvait" (théâtre Edouard VII depuis le 7sept. 2012 )
....
Entendre frapper les 3 coups (avec le brigadier rouge enveloppé dans son manteau de velours cramoisi et clouté), c'est entrer dans le jeu, avec ce léger pincement au cœur, qui est le prélude à un bon moment de partage,  que l'on soit sur la scène ou dans la salle, de l'un ou l'autre côté du rideau.

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mardi 18 septembre 2012

Patrimoine caché mais... pas aux oubliettes

                                       Les portes s'ouvrent sur un patrimoine qui s'expose .

Jack Lang-ministre de la Culture de 1991 à 1993
Le w-end du 15 et 16 septembre 2012 a connu un  franc succès. 29° édition depuis sa création,( initiée par J. Lang, en 1984,  sous l'appellation " journées portes ouvertes dans les monuments historiques"). Cette manifestation culturelle  a connu une fois de plus,  une belle affluence, avec plusieurs millions de visiteurs à son compteur. Les journées du Patrimoine avaient pour thème, cette année , "les aspects cachés du patrimoine  "  ..
On proposait donc en quelques 16 000 sites, plusieurs actions suivant le  lieu:   monter, descendre, parcourir, tester, s'exercer,... mais de toutes façons :  découvrir, connaître, admirer, apprécier... avec la suggestion sous forme de boutade imagée  :  "des oubliettes jusqu'au sommet du donjon  !"
Les bâtiments religieux (temples, églises, synagogues, abbayes,chapelles,  couvents...) ont également ouvert leurs portes, même en dehors des offices,  pour la circonstance.
Temple protestant gardois-St L.d'Aigouze
L'engagement de l'état (ministère de la Culture et de la communication), des communes, des propriétaires privés,   des régions (affaires culturelles),  des conseils  généraux et régionaux, était, comme à l'accoutumée, solidement épaulé par toute une armée de bénévoles et d'associations locales. Conférences, circuits, ateliers, expositions, visites commentées, projections de documentaires, concerts: les animations ne manquent pas et sont chaque année prétexte à innover, créant, parmi les organisateurs, un réel élan créatif et pertinent d'inventivité, en s'adaptant aux nouvelles données et aux documents d'archives sortis des tiroirs.
Exposition temporaire (30)
Du monument en restauration au personnage  vedette historique du village, rien ni personne ne put échapper à l'engouement des visiteurs. L'intérêt est  aussi proportionnellement croissant que la fréquentation. Car la manifestation est indirectement  soutenue et appuyée par une certaine programmation télévisuelle qui initie, informe, montre, explique, débat, illustre et met en scène,  des épisodes de l'histoire nationale ou des biographies filmées. On peut ,certes,  parler de démarche de  vulgarisation, mais outre le côté pédagogique,  on ne peut éluder le réel souci d' information,  cadrant avec de nouvelles découvertes, de récents travaux d'investigation,  qui viennent étayer (ou nuancer, et parfois contredire) ce qui faisait foi jusqu'alors, y compris dans l'imaginaire collectif ou le bon sens populaire. Les documents d'archives, bien qu'accessibles au public, ne sont pas toujours d'une consultation aisée. Les chartistes, les chercheurs, les universitaires s'y penchent volontiers grâce à leur formation et à cause de leurs travaux respectifs. Le citoyen lambda lira plus aisément, selon ses goûts et son emploi du temps,  les parutions ciblées (décryptées et mises à la portée du grand public). Il ne faut pas oublier, dans cet objectif, les parutions de revues spécifiques qui gagnent chaque année en qualité,  à cause du choix des chroniqueurs, illustrateurs-documentalistes,  et rédacteurs.
Les journées européennes du Patrimoine impliquent la participation de 50 pays européens,  et s'étalent de fin août à début novembre, selon le cas..(Tag des offenen Denkmals, Heritage Open Days, Open Monumentendag, El Día del Patrimonio Cultural...)
Chaque année le choix est vraiment  difficile. Les informations affluent de toutes parts ( radio, TV, presse, bulletins associatifs ou municipaux, et l'on n'a que 2 courtes journées pour assister aux animations proposées,  et visiter . Et si l'on est soi-même acteur / animateur/ guide , on est d'autant plus  aux prises avec une décision cornélienne .. car l'on a  l'envie et le besoin d'être  aussi de temps à autre "visiteur".
Expo. temp. Louis Uni -Marsillargues(34)
Vallabrix-détail façade(30)
Les multiples questions posées, les nombreuses photos prises in situ, l'attention manifestée,  lors des commentaires de visites, attestent le goût et l'intérêt du public pour ces journées très attendues. A l'heure où l'on se plaint  d'une culture virtuelle prépondérante, on a la preuve que le concret , le direct, le vécu, n'ont pas définitivement perdu leur place,  dans le cœur et l'agenda  de nos concitoyens. Consacrer du temps à arpenter un site, s'extasier devant la beauté d'une façade à décor renaissance, aller à la rencontre d'un personnage hors du commun, qui fut une gloire locale dans le siècle précédent, conduire les enfants à ces étonnantes découvertes.. voilà de quoi s'enrichir d'un trésor non monnayable, fait d'émotions et de connaissances acquises in situ .
Autant dire que l'on attend impatiemment l'édition 2013, celle  qui sera la 30° !

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dimanche 9 septembre 2012

Le jour de l'écrevisse

11 septembre ... tristement célèbre,  depuis ce sinistre jour de l'année 2001 où, en quelques minutes, Big Apple :  la ville de New York s'est retrouvée orpheline de ses Twin Towers (WTC)....
 Et depuis 2008, chaque année,   le 11 septembre est   la Journée Mondiale de lutte contre le terrorisme.
 Devenu  nom commun masculin singulier, pourvu d'un article (déterminant) le  11 septembre  254° jour de l'année,(ou 255° lors des années bissextiles), St Adelphe, dans le  Calendrier grégorien, est le 111° jour avant la fin de l'année civile. A partir de l'An II, ce fut le 25° jour du mois de Fructidor pour le Calendrier Républicain; on le nommait aussi le jour de l'écrevisse ...
Tous les jours avaient ainsi un nom, donné au XVIII°s.  par le poète Fabre d'Eglantine (auteur également du choix des noms de mois), pour en prendre connaissance voir le site ci-dessous en cliquant sur le lien: 
http://www.napoleon.org/fr/essentiels/calendrier/nomsjourscalendrierrepublicain.pdf
Henry Hudson
Vendanges, fruits d'automne, rentrée des classes..., le mois de septembre est chargé, pour chacun,  de symboles, de souvenirs, d'émotions,  liés à   son évocation.
Au cours des siècles, quelques "11 septembre" sont restés dans les mémoires pour des faits marquants et  significatifs dans divers domaines ( art, politique, religieux, économique ...)
- en 813   : Sacre de l'empereur d'Occident, Louis le pieux
- en 1609 : Découverte par l'anglais Henry Hudson, de l'île de Manhattan (Manna-hata : l'île aux collines, qui s'appellera la nouvelle Amsterdam,  avant d'être, beaucoup  plus tardivement,   le quartier le plus urbain de New York).
- en 1917 : Mort de Georges Guynemer, (le pilote français aux 57 victoires à bord de son avion de chasse)
- en 1962 : ré enregistrement du   45 tours des Beatles (Ps I love you,  Love me do, et enregistrement de  Please Please me )
- en 1998 :  A Scotland Act est  promulgué pour  le parlement écossais,  après le référendum de 1997 ( the Scottish Parliament, à  Edimburg, siégeant dans le quartier de Royal Mile,   avant d'occuper celui de  Holyrood, dans le bâtiment conçu par l'architecte E. Miralles) .

"L'écrevisse et sa fille ",  X° fable du livre XII (3° recueil publié en 1693) de Jean de La Fontaine,  évoque la marche particulière du crustacé, mais  peut-on l'appliquer à la marche du temps ? On pencherait plutôt pour celle des événements,   car celle du temps  est  aussi rectiligne qu'inexorable ..De concours de circonstances, hasards malheureux,  en  concordances et dates fatidiques, l'homme : jouet de son sort, et des Dieux, subit plus, qu'il ne contrôle vraiment, son existence. La philosophie et la métaphysique permettent de disserter sur le sujet depuis des millénaires Il reste les intentions, les actes délibérés, dont les motifs, lorsqu'ils sont répréhensibles parce que nuisibles pour autrui, sont autant incompréhensibles qu'inexcusables.

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en souvenir d'Alexandre
- 11 septembre 1977-